Conte: Grand-Oiseau-N’est-Point-Prodige, ou qui est le plus fort ? Ravôrombetsiloza, na azôvy ny matanjaka ?

Publié le par Alain GYRE

Grand-Oiseau-N’est-Point-Prodige,

ou qui est le plus fort ?

Ravôrombetsiloza, na azôvy ny matanjaka ?

 

 

Il était une fois, dit-on, un grand bananier aux jours d’autrefois où pondait Dame-Oiseau-Qui-N‘est-Point-Prodige. Et comme pondait Dame-Oiseau-Qui-N‘est-Point-Prodige, vint à passer l’ouragan. Et comme passait l’ouragan, ploya le grand bananier, et furent cassés les œufs de Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige.

            Dame-Oiseau-Qui-N ‘est-Point-Prodige demanda alors :

- Maître-Grand-Bananier, pourquoi as-tu cassé mes œufs ?

- Non, non ! Ce n’est pas moi qui ai cassé tes œufs, c’est Maître-L’Ouragan. Va donc demander à Maître-L‘Ouragan.

            Alors, elle s’en fut trouver Maître-L’Ouragan, et lui demanda :

- Ô, Maître-L’Ouragan, c’est vrai que tu es fort ?

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan.

            Puisque tu es si fort, battons-nous.

- Suis-je fort, moi qui suis arrêté par Dame-Montagne ? Va donc trouver Damr-Montagne, si c’est là ce que tu veux savoir.

            Alors, elle s’en fut trouver Dame-Montagne :

- Moi, Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, dit-elle,

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan,

Et Maître-L’Ouragan est arrêté par Dame-Montagne.

Es-tu donc si forte ?

- Suis-je forte, moi qui suis traversée par Sire-Rat ? Va donc trouver Sire-Rat, si tu es forte.

            Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige s’en fut trouver Sire-Rat.

- Moi, Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, dit-elle,

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan,

Et Maître-L’Ouragan est arrêté par Dame-Montagne,

Et Dame-Montagne est traversée par Sire-Rat.

            Es-tu donc si fort ?

- Suis-je fort, moi qui suis mangé par Dame-Couleuvre ? Va donc trouver Dame-Coukeuvre, si c’est là ce que tu veux savoir.

            (Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige s’en fut trouver Dame-Couleuvre.)

- Moi, Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, dit-elle,

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan,

Et Maître-L’Ouragan est arrêté par Dame-Montagne,

Et Dame-Montagne est traversée par Sire-Rat.

Et Sire-Rat est mangé par Dame-Couleuvre.

            Es-tu donc si forte,

- Suis-je forte, moi qui suis tuée par Maître-Coupe-Coupe ?

            Elle s’en fut trouver Maître-Coupe-Coupe :

- Moi, Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, dit-elle,

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan,

Et Maître-L’Ouragan est arrêté par Dame-Montagne,

Et Dame-Montagne est traversée par Sire-Rat.

Et Sire-Rat est mangé par Dame-Couleuvre,

Et Dame-Couleuvre est tuée par le coupe-coupe.

Es-tu donc si fort ?

- Suis-je si fort, moi qui suis ébréché par le rocher ? Va donc trouver le rocher, si c’est là ce que tu veux savoir.

            (Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige s’en fut trouver Maître-Rocher.)

- Moi, Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, dit-elle,

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan,

Et Maître-L’Ouragan est arrêté par Dame-Montagne,

Et Dame-Montagne est traversée par Sire-Rat.

Et Sire-Rat est mangé par Dame-Couleuvre,

Et Dame-Couleuvre est tuée par le coupe-coupe

Et le Coupe-coupe est ébréché par le Rocher.

Es-tu donc si fort ?

- Suis-je fort, moi que Sire-L’Oiseau conchie ?

            Alors elle s’en fut trouver Sire-L’Oiseau.

- Moi, Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, dit-elle,

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan,

Et Maître-L’Ouragan est arrêté par Dame-Montagne,

Et Dame-Montagne est traversée par Sire-Rat.

Et Sire-Rat est mangé par Dame-Couleuvre,

Et Dame-Couleuvre est tuée par le coupe-coupe

Et le Coupe-coupe est ébréché par le Rocher.

Et le Rocher, Sire-L’Oiseau le conchie.

            Es-tu donc si fort ?

- Suis-je fort, moi dont les œufs bien calés dans les rochers sont emportés par Grande-Eau ? Va donc trouver grande-Eau si tu es forte.

            Alors elle s’en fut trouver Grande-Eau.

- Moi, Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, dit-elle,

J’ai pondu sur le grand Bananier,

Et le grand Bananier a été abattu par Maître-L’Ouragan,

Et Maître-L’Ouragan est arrêté par Dame-Montagne,

Et Dame-Montagne est traversée par Sire-Rat.

Et Sire-Rat est mangé par Dame-Couleuvre,

Et Dame-Couleuvre est tuée par le coupe-coupe

Et le Coupe-coupe est ébréché par le Rocher.

Et le Rocher, Sire-L’Oiseau le conchie

Et Sire-L’Oiseau, Grande-Eau lui emporte ses œufs.

            Es-tu donc si forte ?

- Je suis forte, dit Grande-Eau.

            Et de se boxer, de se boxer, vous parlez d’un combat ! Et à la fin Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige, exténuée, grimpa sur une pierre pour dormir un peu, pour s’y sécher un peu le corps. Puis elles se battirent encore, et finalement Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige fut vaincue. Et pourtant, de tous les oiseaux, aucun n’était aussi fort que Dame-Oiseau-Qui-N’est-Point-Prodige.

           

Voilà mon conte.

 

Fulgence FANONY

L’Oiseau Grand-Tison

Et autres contes Betsimisaraka du Nord

Littérature orale Malgache

tome 1

L’Harmattan 

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