Conte: Ikotofetsy et Imahaka les deux farceurs tuent leur mère 11 - Jeanne de Longchamps
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Ikotofetsy et Imahaka
les deux farceurs
tuent leur mère
11
Un jour, Ikotofetsy dit à Imahaka :
- Eh ! Camarade, nous allons apprendre à bien pleurer et si quelque riche vient à mourir, nous nous présenterons chez lui.
- C’est une bonne idée, répondit Imahaka.
Et pendant deux mois ils ne firent que pleurer.
- Eh ! camarade, dit Imahaka.
- Quoi donc, dit l’autre.
- Crois-tu qu’on ne parle plus que de nous et les gens disent : « Ne sont-ils pas devenus fous Imahaka et Ikotofetsy ? Ils ne font que pleurer et pourtant personne n’est mort ici. »
- Vraiment ! dit Ikotofetsy.
- Oui, c’est une chose ennuyeuse… Si nous allions tuer nos mères. Quand elles seront mortes, les gens n’auront plus rien à dire, même si nous pleurons pendant une année entière. Au contraire ils penseront : « Ils pleurent leur mère, ces deux hommes ! » Ikotofetsy hésita un peu, puis il dit :
- Allons-y donc, camarade.
Imahaka l’entraîna :
- Mettons-nous au bord de l’eau, toi en bas, moi en haut. C’est moi qui tuerai ma mère le premier et lorsqu’elle sera morte, je jetterai son cadavre dans l’eau. Si tu vois du sang dans l’eau, frappe alors ta mère de ta lance, car la mienne sera morte.
- Entendu, camarade, dit Ikotofetsy.
Lorsqu’ils furent arrivés au bord de l’eau, Ikotofetsy descendit la rivière, Imahaka s’empara d’un mouton et le transperça de sa lance, puis il le jeta dans l’eau qui fut rougie par le sang.
Alors Ikotofetsy se dit : ‘Elle est bien morte la mère de ce brigand ! » Il transperça sa mère et jeta dans l’eau son cadavre.
Plus tard, Imahaka dit à Ikotofetsy :
- Allons donc, l’un et l’autre, montrer notre mère.
- La mienne est morte, dit Ikotofetsy. Comment ferais-je pour la faire voir ?
Alors Imahaka lui montra sa mère et Ikotofetsy devint triste et pleura, comprenant qu’il n’avait pas eu assez d’esprit pour se comparer à l’autre.
Mais une année après, ce fut au tour d’Ikotofetsy de dire :
- Allons donc cultiver du maïs dans ce terrain, c’est le moment.
- C’est une bonne idée, dit Imahaka.
Ils gagnèrent ainsi une très belle récolte.
Un jour Ikotofetsy déclara :
- Viens garder le maïs, car il y a des voleurs.
Ils couchèrent dans le champ et décidèrent de transpercer de leur sagaie tous ceux qui passeraient par là.
Un jour, Ikotofetsy monta au village et dit à la d’Imahaka :
- Venez dans notre champ dans la soirée, la mère, nous vous donnerons un peu de maïs.
- Merci beaucoup, mon fils, dit la vieille.
Le soir, à l’heure où l’on cherche à reconnaître les gens, la vieille s’en vint dans le champ, et elle se mit à se charger de maïs.
Ikotofetsy appela Imahaka et lui dit :
- Eh ! Camarade, attention, il y a un voleur.
- Où donc, dit Imahaka.
- Regarde in peu plus loin, là-bas… je vais lui régler son compte. Mais n’est-ce pas plutôt à toi de frapper dit Ikotofetsy.
- J’y vais, répondit Imahaka.
Et le voici qui, marche sans faire de bruit et lorsqu’il est près de la vieille, il la transperce de sa lance et elle tombe morte.
Et quand l’œil du Jour (1) parut, Imahaka s’évanouit parce que c’était sa mère qui était là, raide morte
Alors Ikotofetsy cria et dansa parce qu’il était très content.
Note :
- L’œil du Jour, en malgache masoandro, le soleil.
Cycle de contes particulièrement répandu dans l’Imerina
Jeanne de Longchamps
Contes Malgaches
Editions Erasme Paris