Nouvelle: L’incarnation - Charles RENEL
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L’incarnation.
Tant que sur la terre Imérinienne se répandirent les parfums des manguiers en fleurs, Ralahy et Ranah presque tous les jours s'aimèrent à l'ombre des arbres touffus. Mais quand commença de grandir une nouvelle lune, les premières pluies tombèrent en rafales, et les nuages noirs, l'après-midi, s'accumulèrent dans le ciel lourd d'orage. Alors il ne fut plus possible de se retrouver dans le bois, en plein air. Ralahy insistait pour que Ranah, abandonnant le Village-des-bœufs. vînt habiter sa case. Elle aussi le désirait, mais elle avait peur de son père jamais celui-ci ne consentirait vivre non mariée dans la maison d'un homme était interdit par la coutume nouvelle que suivait Rakotobe, et elle redoutait même sa colère, s'il soupçonnait un lien d'amour entre sa fille et le fils de Ralambe.
Ralahy résolut donc d'abréger les temps. Il ne cacha point ses dessins à son père, mais le supplia de consulter les Sorts pour lui révéler à l'aide des graines fatidiques les destins futurs. Ils choisirent un jour favorable de la lune croissante; sous son influence se multiplient les petits des animaux et les générations des hommes c'est aussi le moment de faire parler les fruits divinatoires, générateurs des destins.
Le vieux Ralambe déroula par terre la natte fine tressée en jonc et tira du sac où elles étaient renfermées, les trois espèces de graines, les tsaramash de couleur blanche, allongés en forme de rein d'animal les fruits noirs et plats du fano, marqués d'un cercle, les grains rouges et ovales du faméloune. Avec la main droite, doucement, il les remua, souffla dessus pour les réveiller, en prononçant les formules rituelles. H évoquait les Êtres redoutables qui révélèrent la divination aux hommes des anciens jours, et des souffles légers décelaient à Ralahy la présence des Invisibles. Puis le Sanctificateur déposa les graines selon l'ordre traditionnel pour former les figures annonciatrices du passé, du présent et de l'avenir. D'une voix basse
et précipitée il dit ensuite les destins de la Race
Ralahy ! mon cœur est plein de joie t Les Sorts ne sont pas muets! La voix des Invisibles
parle en mon esprit !
« Vois ! Dans les seize figures dominent les rouges famélounes, témoins de la Force, de la Richesse et de la Puissance 1 Ils manifestent le sang de notre Race, rouge et vivant dans nos veines, et qui coulera dans tes corps de nouveaux descendants. Nombreux aussi sont les grains blancs, signes de beauté, de lumière et de vie. Mais les graines de servage et de mort, les noirs fanou, annonciateurs des Mauvais Esprits, j'en vois pourtant quelques-unes.
Il se pencha sur la natte divinatoire anxieusement il interrogeait les formes et les couleurs des
figures son visage, peu à peu, se rasséréna :
- Les graines noires sont presque toutes dans les figures indifférentes bénis soient les Ancêtres et les Esprits pour les faveurs qu'ils nous apportent ! Vois cette première figure blanche tout en haut. C'est toi qu'elle représente, Ralahy ! Et voici la figure de la femme libre, formée du même nombre de grains, et de même couleur que la tienne. Les Sorts attestent votre mariage. Ranah entrera un jour comme épouse dans ta maison, et plus tard son corps sera couché à côté du tien sur la dalle froide, dans le tombeau de nos Ancêtres.
Et voici encore, en correspondance avec les vôtres, la figure de la Jeunesse elle annonce l'accroissement des fruits de la terre et des enfants des hommes. Tu donneras à la Race les descendants attendus leurs mains pieuses, au jour consacré, retourneront nos dépouilles avec celles des grands Ancêtres !
« Regarde, Ralahy, regarde 1 Le Sort des Ancêtres est pareil à celui de la Femme, et leur Sort à tous deux s'accorde avec la figure de la Maison, rouge comme le sang de la Race.
Le vieux exultait du bout des doigts il touchait les unes après les autres, comme pour une caresse, les lignes entrecroisées des graines fatidiques. Il lisait maintenant les figures indifférentes ou adverses ses sourcils soudain se froncèrent le père s'attristait des périls révélés au devin; il continua d'une voix plus sourde :
- Tous les Sorts ne sont pas favorables 1 Le chemin des maladies et de la mort coupe ici la route de la Femme et la tienne. Elle continue. Pourtant quelqu'un de notre Race doit mourir. Ici encore nos destins sont interrompus un temps par une parole nouvelle, peut-être celle qu'apportent les Étrangers, et que Rakotobé écoute dans la grande Case-des-prières. Je vois le Samedi, jour des mariages, et favorable aux choses de l'amour, en conjonction avec le Lundi, propice aux Mauvais Esprits et aux Sortilèges Votre union, à la Femme et à toi, ne s'accomplira point sans embûches ni périls, et vois-tu ton malheur viendra du dedans plutôt que du dehors. Heureusement les figures propices dominent les mauvaises.
Pourtant, il mourra d'ici peu un homme de la Race, et l'espoir, au ventre de la femme, ne se réalisera pas du premier coup ! »
Il s'arrêta, comme indécis; un instant l'image de Ranore l'exécrée obséda sa mémoire
Je cherche à connaître si Ranah sera longtemps stérile, comme la fille du Faiseur-de-Sortilèges, ou si son premier fruit périra avant l'heure de la naissance. Mais les figures, au-
tour de la Femme et de la~Maison, s'entrecroisent et se confondent. Les Sorts ne veulent plus
parler.
Il se tut ses yeux, malgré lui, se fixaient toujours sur les graines fatidiques, annonciatrices de
la destinée de son fils. Ralahy aussi se taisait, anxieux du futur incertain et redoutable. Il contemplait avec un respect superstitieux les graines sacrées elles n'ont pas d'yeux et elles voient, elles n'ont pas d'oreilles et elles entendent, elles n'ont pas de bouche et elles parlent. Elles savent qui doit vivre et qui doit mourir, servent de médiatrices entre la volonté des Pères morts et l'obéissance des descendants. Il regardait les petits fruits légers, mus par un souffle, qui produisent de si grands effets. Leur efficacité vient de la force des Ancêtres, suscitée en eux par la Parole de Celui-qui-connaît-les-jours. Ralahy no s'étonnait point de leur puissance les mêmes fruits, placés dans la terre stérile, ne se changent-ils pas en arbres vivaces, en plants féconds, producteurs de fruits à leur tour? Et l'énergie transformatrice de la graine,
obscurément conçue par le cerveau de l'Imérinien, ne lui semblait pas moins merveilleuse que la révélation des Sorts.
Il se pencha vers les figures; en même temps l'ombre projetée par son corps s'allongeait sur la
natte. Mais, avant qu'elle touchât les lignes des graines, Ralambe le repoussa vivement, car un tel geste est mauvais; en obscurcissant les figures, il rend incertaine la réalisation des Destins. Ralambe se hâta donc de faire immuables les Sorts, en ramassant toutes les graines, qu'il enferma dans le sac pendu à son cou.
Quand demanderai-je à Rakoutoubé de conduire sa fille dans ma maison ? dit Ralahy à son
père.
Le mois Asombol est passé, qui apporte beaucoup d'argent dans le ménage. Il faut attendre maintenant que dans quinze jours se lève la lune d'Adidzad, pour que vous restiez toujours
d'accord et ne vous sépariez pas. D'ici là Ranah préparera son père à la demande.
Le lendemain, sous l'ombre touffue des manguiers, Ralahy annonça les Sorts à Ranah, et que
par eux deux se perpétuerait la Race. La jeune femme, moins confiante que son amant, ou connaissant mieux son père, hésitait à mettre elle-même Rakotobe au courant de leurs projets.
Pourquoi Ralahy ne viendrait-il pas faire la demande dans les formes traditionnelles ? Lui voulait qu'elle commençât à tresser les sept nattes et ]es douze corbeilles, apportées par la fiancée, selon l'usage, en sa nouvelle Maison. Elle consentit.
Rentrée au village, elle songeait avec effroi que son père n'aimait pas Ralahy et s'opposerait à leur union. Les jours qui suivirent, elle s'en fut au marais cueillir des roseaux zozore, sépara le long des tiges triangulaires l'écorce de la moelle et mit celle-ci de côté. Quand l'écorce fut sèche, elle la racla avec une mâchoire de bœuf, la coupa en lanières égales, et se mit à tresser. Elle travaillait avec joie, car elle souhaitait d'entrer comme épouse dans la case de Ralahy. En entrecroisant les brins de roseaux, elle chantait. Lorsque Ralahy rôdait,le matin, autour du Village-des-bœufs, il entendait la voix de la bien-aimée, douce à son cœur comme le chant de l'oiseau vorondréo. Trois nattes furent bientôt terminées. Comme elle commençait la quatrième, son père lui demanda un jour :
- Il n'y a pas de nattes usées chez nous. Pourquoi passes-tu ton temps à tresser, Ranah ?
La mère les écoutait elle connaissait l'esprit des filles et interrompit son mari.
- Peut-être bien qu'elle pense à quitter notre case. Quand elle aura tressé sept nattes, il lui restera encore à faire douze corbeilles.
- Est-il vrai, Ranah, que tu songes à te marier ?
Elle ne répondit point, baissant les yeux mais sa mère parla.
Depuis deux mois Ranah nous cache quelque chose. Elle sort longtemps, sans qu'on la voie dans le village. Et puis, je vois rôder par ici Ralahy, le fils de Ralambe du Grand-fossé-rond.
- Est-ce vrai, Ranah?
Elle prononça un oui imperceptible, et détourna la tête, comme pour se cacher.
- Le fils du gardien des Idoles ! Ils suivent tous les anciennes coutumes dans ce village maudit! Tu ne t'es donc pas rappelée que tu es chrétienne ?.
- Je ne peux pas, moi, surveillant du Temple, donner ma fille à un païen.
Les deux femmes se taisaient.
- A moins, continua-t-il, que Ralahy ne maudisse les Idoles et ne se fasse chrétien.
Mais Ranah se rendait compte que ce n'était pas possible. Elle se mit à pleurer. Que lui importaient les querelles des villages, les changements apportés aux coutumes du pays ? La loi de l'amour n'était-elle pas plus forte que la volonté des hommes?
Le premier jour du mois Adidzad, favorable aux mariages, Ranah savait que Ralahy devait descendre pour la demander à son père. Ce matin-là, elle attendait anxieusement, accroupie sur la fenêtre du premier étage de leur case. Elle regardait le bois des manguiers, lieu habituel de leurs rendez-vous, et la haute colline pierreuse derrière laquelle se cachait le Grand-fossé-rond. Ralahy enfin parut sur le sentier. Il marchait vite, le lamba roulé autour des reins, car il avait hâte de connaître sa destinée. En entrant dans le village, il leva les yeux, vit Ranah les deux amants échangèrent un sourire. Le jeune homme s'arrêta pour dénouer son lamba et s'en envelopper, puis il demanda à voix haute si Rakotobé était dans sa case. Déjà des têtes ébouriffées de femmes curieuses apparaissaient aux fenêtres, car le bruit courait depuis quelques jours que Ranah avait fait l'essai du mariage avec le jeune homme du Grand-
fossé-rond.
Dans la maison, au rez-de-chaussée, Rakotobé et sa femme Razafindrafare étaient seuls. Après l’échange des salutations habituelles, Ralahy dit la formule consacrée :
- Je ne viens pas, comme un voleur, pour dérober ce qu'on ne me donnera pas de bonne grâce, ni comme un taureau furieux, pour renverser ceux qui sont debout et fouler aux pieds ceux qui sont par terre. Votre fille a commencé à tresser les sept nattes et les douze corbeilles; et moi, j'arrive pour vous demander des descendants. Ne me les refusez pas, mais accordez-les moi de bon cœur.
Bien que mal disposé, le père se souvint des règles de politesse édictées par les anciens, et il répondit
- Nous sommes très honorés tous les deux de ta demande; nous nous étonnons seulement que tu aies jeté les yeux sur notre humble case pour avoir des descendants. Il ne manque pas dans nos deux villages de filles plus belles et plus désirables que Ranah.
- Pourtant ta fille, continua Ralahy, serait un cadeau plus précieux qu'une pièce d'étoffe vite usée, où qu'un bœuf qui peut être vendu ou tué, ou qu'une rizière, exposée à devenir stérile, si le ruisseau débordé la couvre de sable. Elle sera pour moi comme un grenier à riz qui ne se vide jamais, comme une source qui ne s'épuise pas pendant la saison sèche. Vivants, nous habiterons la même case, et, morts, nous reposerons dans le même tombeau.
Nous craignons que vous ne vous entendiez pas ensemble; notre fille a beaucoup de défauts.
- Si nous nous séparons un jour, je suivrai la loi des Anciens, et, des trois tas d'herbe sèche, deux seront pour le mari, le troisième pour la femme. Ne me blâmez pas du peu que j'offre tout seul je ne puis apporter un bœuf; mais, selon la coutume, je vous présente, enveloppée dans un morceau d'étoffé rouge, la somme convenable. Je vous la donnerai, si vous voulez, en échange des fatigues causées par votre fille et des soins que vous avez pris d'elle.
- Ta demande mérite réflexion, il nous est impossible de te répondre tout de suite. Seul l'homme inconsidéré prend une résolution immédiate dans les circonstances graves.
Il y eut un assez long silence. Puis ils parlèrent de choses indifférentes. Enfin, Rakotobé dit :
- Pour la prière que tu nous a faite de te donner des descendants, je l'accepte bien volontiers.
Il hésita un instant. Ratahy put avoir l'illusion que ses vœux étaient comblés. Déjà il faisait le geste de se lever pour remercier ses futurs parents, mais le vieux continua :
- Toutefois j'y mets une condition tu deviendras chrétien. Tu abandonneras les superstitions mauvaises, auxquelles restent attachés les gens de ton village.
- Pourrai-je, interrompit Ralahy, en même temps que j'apprendrai la Parole nouvelle écrite dans ton livre, conserver tontes les coutumes anciennes léguées par nos Ancêtres?
- Non, assurément. Le Seigneur-parfumé apporté par les Vazaha est jaloux, il ne tolère pas qu'on en adore d'autres que lui. Et moi, Surveillant-du-Temple, moi, élevé par, les Missionnaires dans la religion de notre Seigneur Christ, je ne veux pas pour ma fille d'un possesseur de Sortilèges, d'un adorateur des Idoles!
Peu à peu il élevait la voix; il parlait comme au Temple devant l'assemblée des Fidèles. N'avait-il pas en Ralahy un païen à convertir, une âme à sauver ?
- Il faut détruire en ce pays le culte des faux dieux; il faut cesser d'avoir dans vos cases des morceaux de bois sourds et muets, en qui vous vous confiez, comme s'ils étaient vivants et tout-puissants. Pour être sauvé, Ralahy, pour ne pas devenir après ta mort la proie du Grand-feu qui brûle toujours, adore le Seigneur-parfumé unique et Christ son fils, venu jadis sur la terre pour le salut des hommes. C'est le dieu des Vazahas qui a créé le Ciel et la Terre en six jours; il a allumé le Soleil et la Lune pour t’éclairer; c'est lui qui fait pousser le riz dans les vallées et le manioc sur les collines; c'est lui qui a placé près de toi les bœufs, les moutons et les poules pour te servir de nourriture, qui a mis dans le corps de tes ancêtres le souffle vivant. Veux-tu devenir chrétien, Ralahy ?
- Je ne veux pas suivre la Parole nouvelle, sans que mon père ait consulté les Sorts, et je ne veux pas non plus cesser d'honorer Randriamhéhaze, le Seigneur-au-nombreux-butin, qu'ont adoré les Pères de mes Pères.
- Alors ma fille ne sera jamais ta femme. Il est inutile, tant que tu demeureras dans ces dispositions, de m'adresser la parole ni de franchir le seuil de ma porte.
Ralahy, en sortant de la maison désormais interdite, se retourna, leva les yeux vers la fenêtre où naguère Ranah lui avait souri; mais la jeune femme n'était plus là, et ce fut comme si l'Oeil-du-jour s'était retiré du Ciel.
Il jeta un regard de haine vers l'orgueilleuse Maison-de-prières en face, contre le mur exposé au soleil d'une humble case lézardée, un vieillard accroupi se chauffait. Il reconnut Ibodomatave, le Meneur-de-pierres. Comme au jour du transfert des Ancêtres, le Gardien-d'idole portait sur ses haillons un lamba de soie somptueux, rayé de rouge et de noir; il avait sur la tête un bonnet carré, tressé en écorce de roseaux. Il sourit à Ralahy comme pour l'inciter à la causerie. Mais, bien que le jeune homme fût assuré de trouver en Ibodomatave-Ie-sorcier un contempteur de la Coutume nouvelle, il ne voulut point s'arrêter, et s'en retourna mélancoliquement vers le Grand-fossé-rond. Son père le réconforta: puisque les Sorts avaient été favorables, il ne devait pas s'inquiéter, Ranah un jour serait sa femme. Cependant une vague tristesse pesait sur lui, comme à l'heure du crépuscule, quand la nuit soudain obscurcit les choses. Depuis qu'il connaissait la Belle-aux-longs-cheveux, il avait perdu le goût des caresses d'autres femmes, et il se désolait à l'idée de renoncer, même pour peu de temps, à la bien-aimée.
On la surveillait étroitement, et leurs rendez-vous devinrent difficiles. Les jours où le père s'en allait à Tananarive pour une affaire de commerce ou quelque assemblée religieuse, la jeune femme s'échappait vite. La mère, conservatrice au fond d'elle-même des vieilles coutumes, fermait les yeux sur ces fugues. Mais les deux amants s'énervaient de leurs amours contrariées. Ralahy surtout ne pouvait comprendre ces mœurs nouvelles; il appelait sur Rakotobé la colère de tous les Ancêtres, défenseurs de la Tradition. H s'inquiétait aussi de la mauvaise mine de Ranah, de ses yeux caves, de ses traits tirés. Un jour elle lui confia qu'elle était enceinte. Ce fut une explosion de joie. Enfin les Ancêtres exauçaient leurs vœux, donnaient le descendant promis à la Race. Il cou- rut de suite à la case de son père pour annoncer la bonne nouvelle. Ralambe aussi se réjouit. Quant à Ranah, elle se montrait plus calme, ne partageait pas tous les espoirs de son amant. Rakotobé, disait celui-ci, ne pourrait plus, après cet évènement heureux, refuser son consentement leur mariage bientôt serait célébré. La jeune femme n'était pas de cet avis: jamais, jamais le père ne renoncerait à la condition fixée, et elle s'épouvantait à l'idée qu'il apprendrait un jour sa grossesse. Ralahy trouvait une telle pensée monstrueuse, indigne à la fois d'en père et d'une fille il s'obstinait à espérer.
Cependant le vieux Ralambe lui-même modérait cet enthousiasme. Consultant les Sorts pour l'enfant à venir, il avait lu de nouveau dans l'arrangement des figures la révélation d'une mort menaçant la Race. Mais le Destin n'était pas clairement marqué encore, car il est déterminé surtout par le mois et le jour de la naissance.
La coutume des ancêtres
Charles RENEL (1866 – 1925)
Editeur P. Ollendorff (Paris) 1910-1925