Conte: L’origine du Créole

Publié le par Alain GYRE

 

 L’origine du Créole

 

Jadis, la « grande île » n’était peuplée que par des animaux. Un jour, un voilier aborda la côte de Madagascar et jeta l’ancre. Le premier jour, le capitaine et son équipage n’osèrent pas mettre le pied à terre, mais le quatrième jour, comme ils n’avaient pas encore vu un seul être humain sur la côte, le capitaine décida d’aborder.

La première nuit où ils dormirent sur la plage, ils furent réveillés par un chant lointain et envoûtant. Le lendemain, le capitaine décida de tendre un piège, après avoir cherché partout cet être mystérieux qui chantait si bien. Mais en vain. Nuit après nuit, le chant recommençait. Un jour que les marins avaient tué un sanglier et le faisaient cuire avec différentes épices qu’ils avaient trouvées dans l’île, la propriétaire de cette voix charmeuse, attirée par cet appétissant fumet, sortit soudain du rideau de palmiers et s’approcha lentement de campement. On lui offrit de la viande, qu’elle mangea avec grand appétit.

Le capitaine et ses hommes la dévoraient des yeux, car elle était vraiment très belle, les cheveux frisés très longs, noirs, un corps sculptural cuivré et surtout, ce qui les attirait le plus, des yeux verts cristal, très clairs. Le capitaine lui parla, mais elle ne comprenait rien, de même son langage leur était inconnu, alors ils communiquèrent  par gestes. Cela dura des mois, ils s’habituaient peu à peu à se comprendre et un jour le capitaine lui demanda :

- Où sont tes parents ?

Elle lui répondit que son père était un lémurien géant et sa mère une sirène. Ils étaient morts depuis longtemps.

- Moi seule suis encore en vie.

- Pourquoi as-tu les yeux verts clairs ? lui demanda le capitaine

Le capitaine , charmé, décida lorsqu’il dut quitter l’île, d’épouser la fille à la belle voix et aux yeux de mer. Elle accepta sa proposition, prête à le suivre n’importe où. Ils partirent un matin du mois de janvier. Ce jour-là se déchaîna une grande tempête, le vent soufflait très fort, la mer devint houleuse, si bien que le bateau coula dans l’océan Indien.

Le lendemain matin, sur la plage d’une petite île, une jolie jeune femme était allongée, elle ne savait où. Elle ouvrit les yeux et ne vit personne. Elle se leva et commença à hurler. Une vois lui répondit, elle crut que c’était l’écho de sa voix, mais c’était celle du capitaine. Tous deux étaient bien vivants mais seuls sur cette petite île. Ils s’embrassèrent longuement et remercièrent Dieu. Puis ils baptisèrent la petite île : « Ile de la Réunion ».

Ils eurent beaucoup d’enfants, toujours avec des yeux verts.

Les gens les nommèrent « Créoles ».

 

Hélène d’Isotry

 

Angano

Contes et histoires de Madagascar

Recueillis, traduits et adaptés par

Bernard et Monique CLAVERIE

Lettres de l’Océan Indien

L’Harmattan

 

 

 

 

 

Publié dans Contes, Angano

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