Conte: La femme de Grand-Seigneur répudiée pour n’avoir pas eu de jumeaux Vadin’i Randriambe nariany fô niteraka tôkana

Publié le par Alain GYRE

 

La femme de Grand-Seigneur répudiée pour n’avoir pas eu de jumeaux

Vadin’i Randriambe nariany fô niteraka tôkana

 

Au temps jadis, dit-on, il y avait un Grand-Seigneur. Et ce Grand-Seigneur avait pris quatre femmes. (Et il partit faire une tournée, et au moment où il partait, ses quatre femmes étaient enceintes.) Avant de partir, il déclara :

- Voici : Je vais partir. Et celle de vous qui ne me donnera pas de jumeaux, je la chasserai.

(…)  Assez longtemps après, il est revenu de sa tournée. Et toutes ses femmes avaient eu des enfants. Les trois plus âgées avaient eu chacune des jumeaux. La plus jeune, la troisième n’avait eu qu’un seul enfant, un garçon.

A peine revenu, il met à exécution ce qu’il avait dit. Il la chasse :

- C’est bon. Tu peux t’en aller !

Et qu’est-ce qu’il leur a donné ? Une toute petite écuelle, voilà ce qu’il leur a donné, à la mère et à l’enfant. C’était un tout petit enfant, qui venait de naître. La femme partit et s’installa dans la forêt profonde, au cœur de la forêt. Et qu’est-ce qu’elle y faisait ? elle pêchait à la nasse. Elle ne faisait que cela pour élever l’enfant : elle ne pouvait pas travailler la terre, elle pêchait à la nasse. Le temps passa, l’enfant grandit.

L’enfant devenu assez grand pouvait la suivre à la pêche. Et le petit garçon trouva un petit serpent tandis qu’ils pêchaient : ce petit serpent était tombé du haut d’un via. Le garçon dit :

- Maman, donne-moi ce serpent, je vais l’élever.

- Es-tu fou, petit ? C’est un serpent, tu veux le prendre ?

- Donne-le moi quand même.

            Et il se met tout de suite à pleurer. Elle lui donne le serpent. Il le prend.

            Ils avancent, et un peu plus loin, tombe un petit rat.

- Eh! Maman, donne-moi cette bête, je vais l’élever.

- Toi, petit, tu es fou ? Toutes les saletés que tu trouves, tu vas les ramasser ?

- Oui, dit le petit gars, je le prends quand même !

            Il prend le petit rat. Ils partent, et un peu plus loin, tombe un petit corbeau.

- Eh, donne-moi ce petit oiseau, je l’élèverai.

- Toi, petit, dit sa mère, tu es fou ? Toutes les saletés que tu trouves, tu vas les ramasser toutes et les emporter ?

- Donne-le moi quand même. Je l’emporte.

            Elle lui a donné ces petites bêtes pour qu’il les élève. Quand ils sont arrivés au village, l’enfant a mis le petit serpent dans de l’eau. L’oiseau et le rat, il les a élevés dans la maison. Il leur donnait à manger. Chaque matin, il apportait de la croûte de riz cuit au petit serpent, dans son petit trou d’eau. Et ce serpent, vois-tu, de jour en jour il grossissait, ce serpent qu’il élevait.

            Il grossissait de plus en plus, avec la nourriture qu’il lui portait. A la fin, cette bête… , ce serpent, une fois devenu bien gros, lui dit :

- Mon ami, cherche-moi une eau plus profonde, car ce trou d’eau où tu m’as mis, je n’y loge plus.

- D’accord, dit le garçon. Si c’est comme ça…, on va chercher un moyen. En pleine nuit, il l’a porté dans un étang assez grand. Et il y est resté, il y est resté… pendant un an. Mais au bout d’un an, il ne logeait plus dans cet étang où il avait demandé qu’on le mette.

            Il lui parle encore :

- Cette eau, je n’y loge plus. Trouve-moi un autre endroit.

            Le garçon lui a cherché un autre endroit. Il est allé voir plus loin en aval, et là il lui trouvé un grand lac. C’est qu’à ce moment-là, le serpent était déjà devenu très grand. Il lui dit :

- C’est bien, mon petit, mais il faut que tu passes devant moi, ce sera toi qui ouvriras la route, parce que parfois les arbres vont tomber là où je passerai, et ils pourraient tomber sur toi.

            Et tu aurais vu comment notre jeune homme marchait loin, bien loin en avant ! Et le serpent le suivait par derrière, et il faisait s’écrouler les arbres partout où il passait, on aurait dit des gens en train de préparer un essart pour le riz…

            Finalement ils sont arrivés au grand lac. Et le serpent y est resté longtemps, longtemps, longtemps, longtemps, et il est devenu  si grand qu’aucun autre lac ne pouvait plus le contenir. Il dit alors au jeune homme (qui était l’enfant que son père avait rejeté) :

- Eh bien, tu as assez longtemps pris de la peine pour moi. Et moi, j’ai une mère, et j’ai un père. Mon père et ma mère habitent bien loin, là-bas dans l’Océan, et moi, dit-il. Dis-le à ta mère.

            Alors, le petit gars est all prévenir sa mère.

- Tu sais, cet être que j’ai élevé, il a une mère, il a un père, et il m’a invité à rendre visite avec lui à son père et à sa mère.

- Ah ! Mon enfant, tu vas y aller ?

- Eh oui, je vais y aller !

            Sa mère semblait le lui reprocher ; mais il insistait :

- Mais si ! Il faut que j’y aille.

            Ils sont partis. Le serpent lui avait dit :

- C’est bien, mais il faut que tu marches plus d’un kilomètre au-devant de moi,  et moi, je te suivrai par derrière ; quand tu seras arrivé là-bas, sur le sable du littoral, tu m’attendras.

- Oui, répondit le jeune homme.

            Le garçon partit, il marcha, marcha… quand il eut fait à peu près un kilomètre, le serpent partit derrière lui. Et il faisait s’écrouler les arbres partout où il passait, on aurait dit des gens en train de préparer un essart pour le riz… Les grands arbres s’effondraient, et finalement il arriva au sable du littoral face à notre jeune homme. Il lui dit :

- Eh bien, mon ami, allons chez ma mère. Elle te proposera des cadeaux, toutes sortes de choses, de l’argent, toutes sortes de choses qui te plairont. Je ne te dis qu’une chose : une fois là-bas, tu ne prendras qu’une seule et unique chose, même si mes parents te proposent beaucoup de cadeaux., tu n’accepteras qu’une toute petite chose, une chose qui s’appelle le Mouille-Lèvres, c’est cela seulement que tu prendras, seulement le Mouille-Lèvres.

- Oui, répondit le jeune homme, oui.

            Ensuite, le monstre a dit au jeune homme de se glisser dans l’une de ses ouïes, là où l’eau ne pouvait rentrer, et il a refermé son ouïe sur lui. Et puis, ils ont nagé, nagé, nagé… et finalement ils sont arrivés chez les parents du monstre. Là, le serpent a présenté le garçon à ses parents :

- Voilà. C’est lui l’homme qui m’a élevé depuis que j’étais tout petit.

            Eh bien, ils ont reçu le jeune homme avec honneur, avec grand honneur. Et le monstre a expliqué à ses parents :

- D’ailleurs il ne va pas rester trop longtemps. Parce que, par exemple, s’il restait ici trop longtemps, sa mère finirait par s’inquiéter…, elle en aurait trop d’appréhension. Alors, il ne restera que quatre jours chez nous.

            Donc, il est resté là tout juste quatre jours, et au bout de ces quatre jours, ils lui ont proposé de choisir ce qu’il voulait. On lui a proposé de l’argent, par pleines caisses.

- Non, dit le jeune homme, je ne prends ça.

- Prends, lui dirent-ils.

- Non ! Je ne prends pas ça.

- et alors, qu’est-ce que tu veux ?

- Eh bien, ce que je veux, c’est le Mouille-Lèvres. C’est ça qu’il faut me donner. Alors…

- Tu ne veux que ça ?

- Oui, répondit le jeune homme, rien que ça.

            Alors, il a emporté le Mouille-Lèvres. Il est parti.

- Bon, lui dit le monstre qu’il avait élevé, je vais te ramener là-bas, jusque sur le sable du rivage, et puis je vais revenir.

            Et puis voilà, notre jeune leur a fait ses adieux. Et ils sont partis. Ils ont nagé, nagé, nagé…, et ils sont arrivés sur le sable du rivage, et c’est là seulement que le serpent lui a expliqué comment se servir du Mouille-Lèvres.

- Avec ce Mouille-Lèvres, avec cette seule chose, tu pourras avoir tout ce que tu demanderas, tu auras tout avec ce Mouille-Lèvres. Si tu as faim, voilà ce que tu lui diras ; A moi, Mouille-Lèvres, fais venir

de la nourriture, j’ai faim.

            Ils ont fait un essai : aussitôt sont apparus toutes sortes de plats, de ceux que le jeune homme préférait. Le monstre lui dit :

- Avec ça, tu pourras vivre facilement.

            Et là-bas, la mère du jeune homme vivait, vêtue de haillons, misérable, abandonnée de tous. Elle n’habitait pas avec les gens, mais toute seule dans la forêt.

            Alors, le petit bonhomme est parti, il a marché, marché, et chaque fois qu’il avait faim, il employait la chose :

- A moi, Mouille-Lèvres, fais venir de la nourriture, j’ai faim.

            Toutes les sortes de plats apparaissaient devant le jeune homme, tout ce qu’il aimait le mieux. Et il mangeait, il mangeait. Et une fois repu, il repartait. Il a marché comme ça, il a marché, et un peu plus loin, il a rencontré un vieillard qui avait, dit-on, le Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause. Et ils ont fait route ensemble.

            Le vieillard lui a demandé :

- Eh toi ? Est-ce que tu n’aurais pas un peu à manger ? J’ai très, très faim.

- Oh, grand-père, s’il ne s’agit que de manger ! Une autre chose, peut-être ça pourrait me gêner, mais à manger ! Pas de problème…

            Il a fait usage de son bien :

- A moi, Mouille-Lèvres, fais venir de la nourriture, mon grand-père a faim.

            Apparaissent aussitôt toutes sortes de plats, les plats les meilleurs, ceux que le vieillard aimait le mieux. Le vieillard mange, il mange…

            Et, une fois qu’il est bien rassasié, il dit :

- Eh bien, j’ai avec moi un Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause. Avec ça, si tu le fais travailler, tout le terrain aux environs devient un champ défriché, tous les arbres sont coupés.

            Alors, le jeune homme lui dit :

- Bon, eh bien, je te donne mon Mouille-Lèvres, et en échange tu me donnes ton Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause.

- Bon, dit le vieillard, si c’est comme ça, donne-le moi.

            Donc, le vieillard a donné au jeune homme son Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause, et il a pris le Mouille-Lèvres, l’objet qui donne de la nourriture.

            Et le jeune homme, à ce qu’on dit, a continué sa route pour rentrer chez sa mère. Il a marché, marché, et une fois arrivé un peu plus loin, il a eu faim. Comme il avait faim, il a voulu essayer son Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause, un objet  qui n’aurait jamais pu lui fournir à manger…

            Et pendant ce temps-là, le vieillard étalait sa natte pour son repas, et il essayait le Mouille-Lèvres :

- A moi, Mouille-Lèvres, fais venir de la nourriture, j’ai faim.

            Et l’objet faisait apparaître toutes sortes de plats plus exquis les uns que les autres.

            Et me petit gars là-bas, il avait très faim. Il a pensé à employer son Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause :

- A moi, Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause, dit le jeune homme, poursuis-moi le vieillard, parxe que j’ai faim.

            Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause s’est lancé à toute vitesse à la poursuite du vieillard. Pendant ce temps, le vieillard dormait comme une brute, avec son crâne tout chauve… Et Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause lui a très bien fendu le crâne ! Voilà le vieillard mort.

            Alors, le jeune homme a rebroussé chemin pour reprendre le Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause, qui s’était arrêté sur place. Il a repris le Mouille-Lèvres, qu’il a retrouvé là. Et il a ramassé aussi le Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause. Il avait maintenant les deux objets.

            Il a continué sa route. Il a marché, marché, marché, jusque chez sa mère. Et sa mère l’attendait en pleurant.

- Pourquoi est-ce que tu pleures ?

- Ah, dit sa mère, j’étais certaine que tu étais mort.

- Mais non, mère, je ne suis pas mort. Descends la natte.

            Il faisait semblant de la gronder.

- Mais qu’est-ce qui t’arrive, lui dit sa mère, tu veux que je descende la natte pour toi ? Alors que je ne sais même pas quoi manger…

- Descends quand même la natte, maman, dit-il.

            Et alors…

- Oh ! Ce garçon veut m’humilier ! Je ne sais plus comment le prendre.

            Sa mère aendu la natte, tandis que lui, il faisait usage de son Mouille-Lèvres :

- A moi, Mouille-Lèvres, fais venir de la nourriture, nous avons fait, ma mère et moi.

            Aussitôt l’objet a fait apparaître toutes sortes de plats. La vieille était ravie. Ils étaient ravis tous les deux. Ils ont mangé, et puis ils ont regardé leur vieille petite bicoque avec son toit à une seule pente, et leur vieille petite marmite. Voyant ces choses le jeune homme a fait usage de son Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause :

- A moi, Coutelas-Qui-ne-Gigote-pas-Sans-Cause, dit-il, prépare-nous une place pour notre village.

            Aussitôt une belle et vaste place est aménagée tout autour de leur maison. Ensuite, il fait usage de son Mouille-Lèvres :

- A moi, Mouille-Lèvres, construis-nous une très belle maison.

            D’un seul coup apparaît une maison splendide, avec des étages. Et ils s’installent dans cette maison. Ensuite, ils se mettent à élever des cochons. Et au bout de quelques temps, ces cochons sont allés fouiller assez loin de leur établissement, qui était devenu très animé. Et le garçon avait même des esclaves, à ce qu’on dit.

            Et les enfants des premières épouses du roi, de ce roi qui l’avait rejeté, venaient là depuis qu’ils étaient devenus grands. On avait donné à chacun des six fils de Grand-Seigneur un fusil. Et ils ne faisaient rien d’autre que d’aller à la chasse. Une fois, en allant à la chasse, ils sont tombés par hasard sur un endroit où il y avait beaucoup de fouilles de cochons ; ils ont suivi les traces des cochons, et au bout d’un moment , ils sont arrivés à un établissement habité.

            Une fois rentrés, ils sont allés prévenir leur père :

- Tu sais, père, il y a quelque chose d’extraordinaire là-bas ! C’est un établissement très important. Comment se fait-il qu’il y ait dans ce pays quelqu’un de plus riche que nous ?

            Leur père se met à réfléchir.

- Bon, je ne vois personne d’autre, personne que ces deux-là, que j’ai rejetés. Il faut que ce soit mon fils, dit-il…

            Alors, un autre jour, il s’est préparé à y aller. C’étaient ses enfants qui le conduisaient.

            Une fois arrivés là-bas, c’est le jeune homme les reçoit dans sa maison ; il leur sert un repas. Ils mangent ensemble. Grand-Seigneur dit :

- Eh bien, eh bien, toi, mon cher, tu es vraiment mon fils.

- Bon, bon, fit le jeune homme, on ne peut pas savoir ça. Mais ce qu’il y a de sûr c’est que j’ai un père.

            Le roi voulait le reconnaître pour son fils. Et lui, il ne le démentait pas.

            Mais son père avait une question à lui poser :

- Comment est-ce que tu as eu une si grande fortune ? D’où est-ce qu’elle t’est venue ?

- Oh, dit le jeune homme, je l’ai eue par mes peines et mes misères, tout simplement.

- Seulement ça ? Eh bien, un jour, tu viendras me rendre visite ; je suis vraiment ton père. Ce n’est point un autre qui est ton père, c’est moi. Viens me rendre visite !

- Oui. Si c’est comme ça, je passerai chez vous un de ces jours.

            Et une fois, donc, son père a dit à ses six autres fils de se préparer ; on a fabriqué force boisson. Et autrefois, à ce qu’on dit, on mettait la boisson non pas dabs des dames jeannes, mais dans des sortes de pirogues, des auges en bois. On avait donc mis les boissons dans des auges en bois, et ils s’étaient préparés pour recevoir le jeune homme et pour l’enivrer, pour qu’il leur dévoile les moyens par lesquels il avait acquis sa fortune.

            Ils s’étaient bien préparés. Au jour dit, le jeune homme arrive :

- tu sais, maman, je vais rendre visite à mon père. Et j’emporterai mon objet .

- Oh ! Mon enfant, pourquoi ? Ne l’emporte pas, on te le prendrait.

- Mais non, maman, on ne me le prendra pas.

            Et le jeune homme l’a emporté.

            Quand il arrive là-bas, le roi l’interroge :

- Dis-moi donc, mon fils ! Comment est-ce que tu as eu cet objet ?

- Oh, c’est par mes peines et mes misères , tout simplement.

            On lui porte à boire, et encore à boire, sans arrêt, et finalement, il est complétement soûl. Quand il a été bien soûl, on lui a posé encore la question :

- Comment est-ce que tu l’as eu, cet objet ?

- Eh bien, quand j’étais petit, j’ai élevé des bêtes, et c’est un certain Serpent qui m’a montré cette chose, cette chose que voilà, que j’ai ici dans ma poche. C’est le Mouille-Lèvres. Tout ce dont on a besoin dans la vie, il le fournit, tout, sans exception.

            Alors :

- Tu ne veux pas l’essayer un peu devant moi, mon petit ?

- A moi, Mouille-Lèvres, fais venir de la nourriture, mon père et moi avons faim.

            Aussitôt toutes sortes de plats apparaissent. Alors, ils lui ont donné encore plus d’alcool, et encore, et encore, jusqu’à ce qu’il soit soûl au point de ne plus savoir ce qu’il faisait. Alors ils lui ont pris le Mouille-Lèvres, et ils l’ont caché. Tu l’aurais vu, au moment il a retrouvé un peu ses esprits… Les autres se moquent de lui, et ils le chassent. Ils lui disent ;

- Tu crois que tu as un père ici ?

            Ils se sont moqués de lui. Tout juste s’ils ne l’ont pas rossé. Alors, le pauvre gars est rentré à la maison. En arrivant à la maison, il a retrouvé la bicoque d’autrefois, avec son toit à une seule pente, avec sa vieille petite marmite de terre. Toutes ses richesses s’étaient volatilisées, il n’en restait rien. Alors, le pauvre gars s’est mis à pleurer, à pleurer… Mais, pendant qu’il pleurait, arrive Sire-Rat.

- Pourquoi est-ce que tu pleures, lui demande Sire-Rat ?

            Et c’était justement le rat qu’il avait élevé autrefois. Il lui répond :

- - Oh, dit le rat, si ce n’est que ça, je peux le récupérer. Mais pour y aller par moi-même, ça je ne pourrai pas.

            Parce que, pour y aller, il fallait traverser une rivière. Alors quelques temps après, arrive Sire-Corbeau, à tire d’ailes.

- Pourquoi est-ce que tu pleures ?

-   Eh bien, j’avais une chose que Petit-Serpent m’avait donnée, mon Mouille-Lèvres. Mais mon père me l’a prise. Et voilà pourquoi, je suis si triste. Je suis retombé dans la misère maintenant.

            Sire-Corbeau lui dit :

- Oh, je peux voler jusque là-bas. Mais pour le prendre dans la maison, ça je ne peux pas.

- Si c’est comme ça, dit Sire-Rat, emporte-moi, c’est moi qui irai le chercher dans la maison.

            Sire-Corbeau a mis Sire-Rat sous son aile et il s’est envolé. Il a volé longtemps, longtemps… et il s’est posé sur le toit de la maison.

            Et en rien de temps, Sire-Rat file, et il entre dans la maison. Et, autrefois, on avait encore des malles en bois, il n’était pas difficile pour le Rat d’y entrer. Il connaissait  bien l’endroit où sr trouvait le Mouille-Lèvres. Il a fait un trou dans la malle où on gardait le Mouille-Lèvres, c’était la malle où il y avait le linge et les beaux habits, c’était là qu’ils avaient mis le Mouille-Lèvres. Le Rat y entre, et commence pr abîmer tous les habits qui étaient dedans, et puis il prend le Mouille-Lèvres, et il sort. Une fois sorti, il repart en volant…, en se mettant sous l’aile de Sire-Corbeau.

            Ensuite, il ne lui restait plus qu’à rentrer. Il arriva chez le jeune homme, qui redevint riche et heureux.

 

            Et c’est ainsi, à ce qu’on dit, que le conte se termine.

 

 

Fulgence FANONY

L’Oiseau Grand-Tison

Et autres contes Betsimisaraka du Nord

Littérature orale Malgache

tome 1

L’Harmattan 

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