Poème: LAC ANOSY - Max Randriantefy
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En octobre 2001, quand j’ai vu qu’on avait chromé l’ange noir de mon enfance, j’ai versé des larmes. J’ai pleuré comme les jacarandas en été, parce que cet ange noir était pour moi porteur d’espoir, en ce sens qu’il existe bien des anges de couleur, et que nous, malgaches, pouvions prétendre à un monde meilleur. Mais les autorités de ce temps avaient effacé ce symbole qui renforçait notre confiance en nous-mêmes. Prétextant qu’il portait malheur, elles avaient pérennisé l’idée que seules les couleurs claires étaient valables dans ce pays. Dommage.
LAC ANOSY
O lac, fier symbole de la ville de mes ancêtres,
Bordé, orné par les jacarandas centenaires
Qu’entourent nos montagnes donnant sur la fenêtre
D’une vaste plaine berceau de nos âmes légendaires.
En ton centre sur la jetée trône l’ange jadis noir
Servi, entouré d’humbles roseaux révérencieux
Qui de la décision des hommes sont respectueux
De cet ange étrange chromé peint pour la gloire.
Des échassiers se posent sur ta vase, ô mon lac,
Debout sur un pied comme les icônes des saints,
La blancheur du pique bœuf est d’un contraste malsain
Avec la noirceur fétide de tes eaux opaques.
Les envahissantes jacinthes dans leurs vils desseins
La nuit se multipliaient en se gorgeant d’eau,
Et leur survie nous menace de ces sombres fléaux
Dénaturant la Ville des Mille par leurs essaims.
Et quand vient l’été tes jacarandas fleurissent
Tapies dans ses mauves bourgeons pleurent les cigales
En hommage à ton site et ta beauté fatale,
Toutes ensemble elles éclosent et puis s’épanouissent.
C’est par ce temps que s’épousent l’eau et la lumière,
C’est le temps des amours et de la liberté
Un temps où se mêlent chaleur et odeur de l’air
Temps au parfum déroutant, don de ma cité.
MAX RANDRIANTEFY