Conte: Le chasseur d’oiseaux

Publié le par Alain GYRE

 

Le chasseur d’oiseaux

Conte Betsimisaraka

Recueilli à Vatomandry {province des Betsimisaraka-du-Sud).

(Conte différant très peu de celui publié en malgache dans le recueil de Dahle-Sims, p. 36 1 : Ny Zanak’antsaly).

 

 

Un homme, dit-on, prenait les oiseaux au piège. Or pendant plusieurs jours il n’attrapa aucune proie. Voici qu'un matin il trouva dans son piège un oiseau extraordinaire; il n’en avait jamais vu de pareil dans la forêt. Cet oiseau se mit à parler comme une personne.

« Il l’a pris, hélas ! cet homme, ê!

« Il l’a pris l’enfant de l’Antsaly!

« Il l’a pris, hélas, ê ! »

- Tu parles vainement, lui répondit l’homme.

Je t’ai pris, je vais t’emporter. »

De retour à la case, il tua l’oiseau qui de nouveau parla :

« Il l'a tué, hélas ! cet homme, ê!

« Il l’a tué, l’enfant de l’Antsaly!

« Il l’a tué, hélas, ê ! »

- Tu parles vainement, dit l’homme. Je t’ai rapporté comme butin. Pourquoi ne te tuerai- je pas ?

Là-dessus sa femme s'écria : « Certes je ne toucherai pas à cet oiseau qui parle comme une personne, je ne le ferai pas cuire, et je n’en mangerai pas. »

L'homme découpa l’oiseau qui de nouveau parla :

« Il l'a découpé, hélas! cet homme, ê!

« Il l’a découpé, l’enfant de l’Antsaly !

« Il l’a découpé, hélas, ê! »

- Tu parles vainement, dit le chasseur. Je t’ai découpé. Pourquoi ne te cuirai-je point ?

Et il fit cuire l’oiseau, qui de nouveau parla :

 

« Il l'a fait cuire, hélas! cet homme, ê !

« Il l’a fait cuire, l’enfant de l’Antsaly ;

« Il l’a fait cuire, hélas, è! »

- Tu parles vainement. Je t’ai fait cuire. Pourquoi ne te mangerai-je point, »

Il le mangea et l’oiseau dit :

« Il l’a mangé, hélas! cet homme, ê!

« Il l'a mangé l’enfant de l’Antsaly!

« Il l’a mangé, hélas, ê! »

Quand il eut mangé, l'homme alla dormir, car il était tard. Mais survint la mère de l’oiseau, qui cria :

« Où donc est l’enfant de l’Antsaly!

« Où donc est l’enfant de l’Antsaly !

« Où donc est-il i »

Et l’enfant répondit dans le ventre de l’homme :

« C’est ici qu’est l’enfant de l’Antsaly !

a C’est ici qu’est l’enfant de l’Antsaly!

<c Ici, ici, ici ! »

La femme fut épouvantée en entendant l’oiseau parler dans le ventre de son mari. Elle courut chercher un possesseur d'ody pour le guérir. Celui-ci ordonna de porter l'homme dans un autre village. On l’enveloppa dans des lambas et on le transporta, comme un mort attaché à un bambou.

Mais la mère de l’Antsaly voletait au-dessus des porteurs et criait :

« Où donc est l’enfant de l’Antsaly !

« Où donc est l’enfant de l’Antsaly !

« Où donc est-il ? »

Et le petit répondait toujours :

« C’est ici qu’est l'enfant de l’Antsaly !

« C’est ici qu’est l’enfant de l’Antsaly !

« Ici ! ici ! ici ! »

 

Quand on fut arrivé à l’autre village, on coucha l’homme dans une case, et les gens restèrent autour de lui.

Le soir, la mère de l’Antsaly revint, elle appela comme elle avait déjà fait, son fils lui répondit dans le ventre de l’homme, et la mère avec son bec ouvrit le ventre : le petit en sortit aussitôt tout entier et bien vivant.

Mais l’homme était mort.

 

Contes de Madagascar

Charles RENEL

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