Conte: Le jars gardien de bœufs

Publié le par Alain GYRE

Le jars gardien de bœufs

Aux jours d’autrefois, il n’y avait sur la terre, aucun être qui ne sache parler. Toutes les créatures savaient parler. Toutes, quelles qu’elles soient, elles savaient parler. Et toutes avaient une fonction, un métier qu’elles devaient accomplir en tant qu’êtres vivants.

Or, Maître-Jars entra au service de Grand-Seigneur. Quel était son travail ? Il gardait les bœufs. Il était « bouvier », comme disent les Blancs.

Donc il gardait les bœufs, et il le faisait avec sa femme. Il n’avait qu’une seule femme. Ils étaient venus en ménage pour gagner leur vie avec ce travail.

Et ils demeurèrent là, ils demeurèrent là, et un jour Grand-Seigneur organisa une fête pour la Bonne Année  –  et comme il assurait parfaitement la garde de bœufs à laquelle il était préposé, comme il était un très bon gardien – on lui donna des galons, on lui donna une casquette avec des sortes de galons.

            Quant à la femme, en fait, elle ne gardait pas vraiment les bœufs, mais elle faisait la cuisine pour lui. La femme faisait la cuisine pour son mari. Et c’est pour cela qu’on la décora : elle reçut un tout petit bouton sur la tête, plaqué sur sa tête, comme une sorte de casquette. Et c’est encore comme cela jusqu’à aujourd’hui, mais cela a un peu changé.

            Et ce que disait le jars, en ce temps-là, c’était :

- Où allez-vous ? Où allez-vous ? (Ho aiza ? Ho aiza ?)

Et l’oie répondait :

- Avancez ! Avancez ! Avancez ! (Iahay ! Iahay ! Iahay !)

            Ils ont encore gardé l’habitude de diriger les bœufs. De là vient leur cri, qui dit :

- Où allez-vous ? Où allez-vous ? (Ho aiza ? Ho aiza ?)

Et quand ils arrêtent ce cri, ils disent :

- Avancez ! Avancez ! Avancez ! (Iahay ! Iahay ! Iahay !)

            Ils ont encore gardé cette habitude de diriger les bœufs, et c’est pour cela que leurs paroles sont toujours :

- Avancez !  (Iahay !)

- Où allez-vous ? Où allez-vous ? (Ho aiza ? Ho aiza ?)

            Voilà ce  qu’ils disent toujours, parce qu’ils étaient autrefois gardiens de bœufs. Voilà l’histoire…        

Fulgence FANONY

L’Oiseau Grand-Tison

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L’Harmattan 

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