Conte: Le joueur de Valiha sur la lune

Le joueur de Valiha sur la lune
A Madagascar, dans un royaume éloigné, un roi très méchant régnait. Il refusait que sa fille unique épouse quiconque sauf un noble ou un prince.
Cette jeune fille, Oniniala, était très belle et parfaite dans tous les domaines. Un jour, il y eut une grande fête au palais : un prince d’un autre royaume venait demander sa main.
Elle n’accepta pas tout de suite, et le prince sut montrer qu’il avait la patience de son amour.
Le roi voulut que sa fille et le prince dansent ensemble sur une ballade jouée au valiha. Il commença par un morceau très doux, intitulé « le cœur est à qui ? ». la fille du roi n’eut plus les yeux fixés que sur le joueur de valiha au chapeau de paille, avec la malabary, et un lamba attaché sur son épaule. Elle était tombée amoureuse de ce jeune paysan qui n’avait que son valiha. Jamais auparavant elle ne l’avait vu dans le royaume, et elle le trouvait très beau.
Dès lors, Oniniala ne cessa de penser à lui, mais hélas, elle ne le revit plus, alors que la valse des princes et des nobles ne cessait au palais pour demander sa main. Elle opposait à tous un refus catégorique. Enfin, elle finit par avouer à son père qu’elle était amoureuse du joueur de valiha.
Son père sut alors pourquoi elle repoussait les demandes des princes et des nobles. Il envoya ses hommes d’armes à la maison du joueur de valiha pour le capturer et lui couper la tête. Cette mission fut accomplie.
Oniniala cependant espérait toujours revoir son musicien. Elle tomba malade en apprenant sa mort. Son état s’aggrava rapidement et elle mourut aussi.
Son père n’avait qu’elle, et il en conçut des remords, mais c’était trop tard…
Depuis ce temps, les nuits de pleine lune, on peut voir là-haut le joueur de valiha et Oniniala assise à ses pieds, la tête posée sur ses genoux. Ils sont heureux là-haut désormais et personne ne dérange plus jamais leur amour…
Conte Mérina recueilli par Meltine Nirintsoa
Angano
Contes et histoires de Madagascar
Recueillis, traduits et adaptés par
Bernard et Monique CLAVERIE
Lettres de l’Océan Indien
L’Harmattan