Légende : Les esprits de la forêt « les KOKOLAMPY »

Légende : Les esprits de la forêt « les KOKOLAMPY »
Pour les paysans d’Ambendrana, la forêt est le domaine des esprits des ancêtres, car beaucoup de tombeaux y sont disposés. Les ancêtres ont même, jadis, créé des limites à leur territoire. Ainsi, aujourd’hui, lorsque l’on se trouve dans les limites du domaine de ses ancêtres, nous sommes dans le domaine des fanahy, qui sont des esprits bienveillants. Les paysans n’ont donc aucun problème pour se rendre dans ces zones dont ils connaissent les moindres recoins. Par contre, si on s’aventure au-delà de ces limites, on est sujet à l’emprise des angatra. Ces derniers sont des esprits malfaisants qui peuvent être très dangereux et très redoutés par les villageois. On raconte que lorsqu’on est « pris » par un angatra, on perd la raison, et on se dirige dans n’importe quelle direction, se retrouvant ainsi quelques heures plus tard dans un endroit inconnu et sans aucun souvenir. À son retour, la personne ne reconnaît plus ni ses amis, ni sa propre famille ; elle a complètement perdu connaissance. Quand une personne se retrouve dans cet état, on dit qu’elle est atteinte du sia. L’angatra est aussi capable de transmettre une force surnaturelle, permettant aux gens de marcher sur plusieurs kilomètres en portant un lourd fardeau, sans être fatigués, toujours dans le but de désorienter la personne qui oublie tout du chemin qu’elle a parcouru. Les angatra les plus terribles et les plus redoutés sont ceux des Vazimba. On dit qu’effleurer une feuille qui appartient à leur domaine, suffit à se faire battre violemment tels des coups de bâton, jusqu’à la mort. Pour éviter d’être pris par ces esprits malfaisants, il faut leur rendre hommage en leur donnant du rhum local, mais on raconte qu’aujourd’hui, ils sont de moins en moins méchants, et de moins en moins nombreux. En effet, d’après les villageois d’Ambendrana, les angatra ont peur des vazaha. Comme il y en a de plus en plus, les angatra se cachent et ne sortent plus.
Il y a plusieurs sortes d’angatra, mais le plus connu est le kokolampy. Celui-ci serait le maître de la forêt (Moreau, 2002) et ses colères seraient terribles. À Ambendrana, le kokolampy est décrit comme un animal qui vit dans la forêt du coté de la falaise Tanala, que l’on n’aperçoit jamais, mais qui se manifeste par quelques expressions sonores. Lorsqu’on l’entend, il ne faut surtout pas lui répondre, et fuir rapidement sans lui manquer de respect, sans quoi il pourrait tuer. Pour confirmer ces faits, il paraîtrait qu’un soir, un habitant d’Amindrabe1 qui ne croyait pas à tout cela, a eu l’audace d’imiter et d’insulter le kokolampy qui chantait près de chez lui. Le lendemain tous les villageois sont partis chercher des écrevisses dans les rivières mais au retour, cet homme avait disparu. Les villageois se sont donc mobilisés pour le retrouver et ont parcouru toute la forêt pendant deux jours, en vain. C’est alors que quelques jours plus tard, un promeneur le retrouva mort au fond d’une grotte. D’après les villageois, c’est le kokolampy, qui lui aurait fait perdre connaissance et l’aurait entraîné jusqu’ici où il serait mort.
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