Nouvelle: Les Mangeuses de Choses-Vertes
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Les Mangeuses de Choses-Vertes
Depuis l'aride Ankaratre jusqu'à Tananarive-Ia-Haute, les gens des campagnes s'agitent: de colline en colline, de rizière en rizière ce cri retentit, transmis de bouche en bouche
Les sauterelles ! les sauterelles !...
L'alarme est donnée en quelques heures, des confins du territoire est arrivée la menaçante nouvelle, plus rapide qu'un papangue porté sur ses ailes à la vaste envergure. Dans les villages les habitants se répandent hors des cases, courent çà et là, s'informent d'où vient le péril tels des termites sortent de leur maison aux mille trous, ébranlée par le sabot d'un bœuf.
Les Hommes-sous-le-jour portent des lambas, des marmites de fer, des tambours ; par les cris, le vacarme, les étoffes blanches agitées, ils espèrent écarter le vivant nuage qui se déplace avec dix mille millions d'ailes. Tous se ruent à la défense de l'herbe nourricière ils savent qu'ils vont engager la lutte pour l'existence avec les infiniment nombreux, souvent vainqueurs des hommes aux ruses subtiles. Les Talismans des Ancêtres, une fois encore, seront-ils efficaces ? Ou la famine tordra-t-elle les entrailles et crispera-t-elle les bouches sur les racines amères de la forêt, comme au temps du roi Radama. On ne sait d'où viendront les Mangeuses-de-choses-vertes : on s'en va au hasard vers les rizières. Les uns couronnent les hauteurs près de la Tète-de-l ‘eau, les autres se répandent dans les vallées. Du côté de la plaine les gens sont plus nombreux ; vers la montagne, la petite troupe des hommes du Grand-fossé rond suffira-t-elle à défendre les cultures ? Ralahy en doute. Il met son dernier espoir en son père qui là-haut, avec les Vieux, monte vers les crêtes, portant le Seigneur-au-nombreux-butin la célèbre Idole doit détourner vers les terres arides et stériles le nuage de sauterelles.
Des cris s'élèvent !es voilà. Elles apparaissent à l'horizon, comme une légère nuée blonde, effilochée par le vent. La nue se déplace, s'enfle ou s'allonge, grandit dans le ciel. Çà et là des criquets isolés volètent, s'abattent dans l'herbe. Puis un premier nuage arrive il vole dans la direction du vent, à dix mètres en l'air, avec le crissement des millions d'ailes, aussi redoutable pour les oreilles des hommes que le crépitement de la grêle. Les Imériniens poussent des cris, agitent les lambas au bout des perches, entrechoquent à grand fracas les marmites et les assiettes de fer, ou frappent avec des bêches sur de vieux bidons.
Le nuage, inconscient des efforts humains, a passé sans s'abattre à l'entrée de la vallée qui s'élève vers le Grand-fossé-rond, il s'est séparé en deux une partie monte vers le village, au-dessus des rizières étagées, tandis que l'autre s'épand sur les parties basses du pays et menace les cultures du Village-des bœufs.
Puis d'autres vols arrivent, de plus en plus denses. Le soleil en est obscurci. Une lumière jaune et blafarde baigne les objets presque sans donner d'ombre, et des milliards de sauterelles emplissent le ciel du crissement de leurs ailes. Maintenant elles sont presque au ras du sol déjà beaucoup se posent. Les gens dans les rizières font un tintamarre assourdissant. Ceux du Village-des-bœufs réussissent en partie les vazahas leur ont appris des moyens jadis inconnus pour écarter les Mangeuses-de-choses-vertes. De temps en temps des détonations éclatent, ébranlent l'air, une fumée âcre et puante se répand partout. Ce sont de gros pétards achetés à Tananarive, des fusées d'artifice destinées aux nuits de fêtes. Rakotobé, le surveillant-du-temple, a conseillé de les tirer aujourd'hui, pendant qu'il implore le Seigneur parfumé des Vazahas dans la Case-des-prières. Or voici que s'éclaircit le nuage du côté de leurs cultures. Des sauterelles isolées volètent seules sur les rizières et les champs de manioc. Toute la colonne épaisse et bruissante s'est détournée vers le Grand-fossé-rond, elle remonte !e val aux rizières étagées.
Pour les gens du haut pays, le désastre est certain.
Dans la plaine, les clameurs angoissées de tout à l'heure se changent en cris de joie.
Ceux du Grand-fossé-rond se taisent toute lutte est vaine désormais. Le nuage passe, passe sans trêve il s'enfonce dans les replis cultivés de la montagne, vole, vole, sans répit. Déjà il menace de l'autre côté des crêtes les champs d'Ambohïdratrime. A chaque minute, des milliers de sauterelles se laissent tomber dans les rizières jaunissantes, dans les branches des arbres touffus. Les nœuds de roseaux contenant un morceau du bois havoz, odieux aux Mangeuses-de-choses-vertes, se dressent inutiles au milieu des cultures. Là-haut, sur la montagne dénudée, le Seigneur-au-nombreux-butin indique vainement la route des pays où il n'y a pas de rizières. -Toute la masse vivante et grouillante reflue dans la vallée, s'abat sur les plantes. Le sol est comme mouvant. Les enfants et les femmes renoncent à chasser le malheur. Maintenant tous ramassent les sauterelles, en emplissent les corbeilles de joncs: séchées au soleil et frites dans la graisse, elles serviront de nourriture, à défaut du riz dévoré par elles. L'esprit versatile des Imériniens se plaît à ces contrastes l'abondante cueillette d'insectes fait oublier le désastre du riz les femmes s'empressent et plaisantent les enfants jouent à qui montrera la plus belle récolte les tout petits enfilent les sauterelles dans de longues herbes et s'en parent comme de vivants colliers.
Ralahy, en son cœur, demeure triste. Il songe que là-haut, vers la crête des montagnes, les Mangeuses-de-choses-vertes dévorent aussi les champs récemment cultivés, et il se demande comment on achètera du paddy, à la saison où les manguiers seront en fleurs, quand la faim commencera de tordre les entrailles des Hommes-sous-le-jour.
Les sauterelles continuent de passer, comme un torrent de malheurs. Il en vient, il en vient sans cesse. Le vent et la rapidité de leur vol les jette au visage des Imériniens, qui se cachent derrière leurs lambas pour les éviter. Ralahy se demande pourquoi l'esprit des Ancêtres s'est détourné à ce point que le nuage adverse couvre tout entières les rizières de son village et épargne celles du village-des-bœufs. Au moins Ranah ne souffrira pas de la disette, et l'enfant de la Race, au ventre de la femme, ne connaîtra pas le mal de la faim, avant d'être né.
Et Ralambe? Quel doit être le désespoir du vieux gardien de l'Idole, vainement portée pour la première fois à l'encontre du nuage dévastateur Sur une colline chauve qui s'avance en éperon dans les rizières, un groupe se détache. Les Vieux sont allés là-bas avec le Sampy sacré. Mais la mer des sauterelles déferle contre eux, et les frappe, comme les vagues assaillent un roc isolé au milieu des sables du rivage. En vain les rites ont été accomplis; en vain l'Idole a été tournée du côté opposé à la vallée pour entraîner le vol vers les collines stériles et nues où ne croît pas le riz.
Aucune sauterelle n'a suivi la voie montrée par le gardien de Randriambéhâse. Pourtant les Vieux qui l'accompagnent ont tenu leurs bouches obstinément closes, ont serré les dents, n'ont pas laissé échapper un mot ni un soupir, à la vue des malheurs imminents ils n'ont pu fermer, par la force magique de leur silence, ni par la vertu mystérieuse du talisman, les millions de mandibules voraces, et le riz a été déchiqueté sous leurs yeux.
Les Vieux continuent de se taire, car l'impassibilité sied aux hommes de bonne caste; de leurs yeux brillants et noirs au fond des orbites caves, dont les ans ont blanchi les sourcils, ils regardent le désastre de la Race, qu'a laissé accomplir le Seigneur-au-nombreux-butin. Les maux sont maintenant au comble; l'avenir ne saurait réserver de jours plus sombres que le présent. Quels crimes ont-ils commis envers les Ancêtres, quelles interdictions sacrées ont-ils violées, quels rites nécessaires ont-ils négligé d'accomplir, pour mériter une pareille vengeance de la part des Invisibles ?
Est-ce qu'on a coupé des herbes vertes dans la rizière, pendant que le riz était sur pied? Est-ce qu'on a ramassé des sauterelles pour les manger, avant que fût rentrée la récolte?. ils se tournent vers Ralambe, qui surtout parmi eux connaît les coutumes des Anciens, et ils l'interrogent du regard. Mais le prêtre, les deux mains crispées sur la hampe d'ébène de Ramdriambéhâze, ne répond rien. Il regarde l'idole impuissante des Mangeuses-de-choses-vertes, ô sacrilège, se sont posées sur elle, et, dans la nuée rousse, elle apparaît comme un épouvantail inutile. Le groupe des Vieux désespère presque de la Race; en leur âme ils sont plus tristes encore que Ralahy, car ils n'ont pas l'amour pour fortifier leurs corps et leur donner le désir des nuits à vivre. La sagesse traditionnelle de Rabémanandzar le Discoureur est en défaut sa langue habile se trouve comme liée dans sa bouche. Ratsimbe-le-riche pense qu'il eût mieux valu pour ses Ancêtres abandonner avec Rabé, au temps du grand exode, le Village du fossé-rond; il regarde avec envie, vers le pays d'en bas, les champs épargnés de la Race autrefois maudite.
Pourtant les cérémonies ont été accomplies selon le rituel transmis par la bouche des Ancêtres dans les oreilles pieuses des descendants. Ralambe repassa en son esprit les détails de la journée funeste, pour tâcher de découvrir si quelque interdiction a été enfreinte. Il n'en trouve point. Et voilà qu'après les maladies et la sécheresse, l'ultime calamité est venue fondre sur les fils infortunés de la Race maintenant les millions de bouches de sauterelles avides dévorent la plante nourricière, et, à la saison de la récolte, quand les mangues commenceront à grossir, il ne sera pas besoin de protéger les cultures contre la voracité des oiseaux; les greniers seront vides, et vides les silos; les ventres des vieillards et des enfants seront tordus par la faim. En un geste éperdu, Ralambe agite encore une fois le Seigneur-au-nombreux-butin dans la direction des quatre points cardinaux. Mais les nuées indétournables continuent de passer, et les Vieux s'en vont tous vers le village, abandonnant champs et rizières aux sauterelles ennemies.
De nouveau ils se réunissent dans la case de Ralambe; ils délibèrent. Razafinntsalame, d'ordinaire timide, parce qu'il a des esclaves parmi ses pères, prend la parole il n'ose pas exprimer qu'il n'a plus confiance dans les rites des Anciens, mais il propose de suivre la Coutume nouvelle, de bâtir une Maison-do-prières pareille à celle du Village-des-bœufs, puisque les talismans des Vazahas semblent plus efficaces que ceux légués par les Ancêtres. Ratsimbe-le-riche redoute d'engager de telles dépenses; il a peur d'en être réduit à déterrer les piastres enfouies sous une des pierres de son foyer. Il demande à Ralambe de dire les sacrifices et les expiations destinées à racheter le riz mangé par les sauterelles.
Raïmbô, l'Annonciateur-des-Jours, ne sait que se lamenter
Quand le malheur s'abat sur le pays avec les millions d'ailes et les milliards de pattes des Mangeuses-de-choses-vertes, les offrandes des hommes deviennent inutiles; les Ancêtres-parfumés eux-mêmes sont réveillés, dans leurs Maisons-froides, sous l'épaisseur des suaires rouges, par les pattes qui crissent et les mandibules qui coupent le riz nourricier; ils se rappellent alors les misères pareilles éprouvées dans l'âge de leur vie. Mais notre infortune passe la leur ! Car ils avaient, pour y chercher les crabes et les crevettes, les fruits des lotus et des vihas, de vastes marais à l'eau dormante, au pied des montagnes. Aujourd'hui tous les marais sont devenus rizières; les hommes trop nombreux se sont partagé toute la terre et toute l'eau des sept provinces. Il n'y a plus ni forêt ni marécage pour nourrir les affamés.
Le mal dont ne peuvent venir à bout les Ancêtres, s'écria Rambiâze, fut attiré sur ce pays par les vazahas. Tant qu'ils souilleront de leur présence les douze montagnes saintes, tant qu'ils oseront apporter l'oignon défendu et la chair immonde du porc sur la colline riche d'offrandes où régnait Rakélimalâze, ou dans l'enceinte d'Ambohimanga, fermée de sept portes de pierres, tant que les Etrangers tiendront la terre où tes Pères de nos Pères ont creusé les Maisons-froides, demeures éternelles de la Race, il n'y aura plus de paix, ni de rémission dans les malheurs pour les Imériniens.
Mais tous murmurent pour l'empêcher de continuer, car les Vazahas sont puissants et possèdent des secrets merveilleux. Chacun craint, à part soi, que les paroles imprudentes, échappées comme la fumée à travers les interstices du toit, soient connues des Maîtres de l'heure et attirent des calamités nouvelles sur les cases des Hommes-sous-le jour.
Ratsimbe-le-riche voudrait conserver ses biens par la volonté des Ancêtres, et il s'adresse encore une fois à Ralambe. Puisque la force du Seigneur-au-nombreux-butin semble épuisée, puisque sa vertu, si longtemps efficace, s'est usée en écartant les maux innombrables, comme s'émousse, à force de retourner les glèbes, le fer luisant d'une bêche solide, n'y a-t-il pas un moyen de renouveler la puissance de l'Idole, ainsi qu'on reforge sur la pierre un outil ébréché ?
Ralambe médite les Vieux se taisent, attendant une réponse favorable. Ils sont tristes parcequ'ils sont vieux et que les hommes ne peuvent rajeunir; bientôt s'obscurcira pour leurs yeux las le spectacle de la douce vie, et le bruit des voix vivantes s'éteindra pour leurs oreilles fatiguées. Mais que leur importe, puisqu'ils deviendront des Ancêtres, puisqu'ils se perpétueront, tant qu'il y aura des mâles pour accomplir les Rites. Ils se fient sur leurs descendants robustes, et sur la fécondité des femmes au beau corps, en qui déborde, au renouvellement des lunes, le sang jamais épuisé de la Race. Ils attendent, tranquilles et impassibles, la réponse de Ralambe, car la Race ne saurait mourir. Et la vertu de l'Idole est pareille à la force de la Race.
Le gardien du Sampy prononce alors les paroles désirées et rajeunit l'espoir des Vieux.
Le Seigneur-au-nombreux-butin, dans le temps lointain du Grand-Ancêtre, nous a été apporté du pays des Antalôtres.
Et il montre de la main, dans la direction du Nord-Ouest, le pays légendaire des Origines obscures, d'où sont venues aux Anciens la puissance et la sagesse. Par la porte grande ouverte les Vieux regardent, comme si, par-delà les montagnes rouges, leurs yeux pouvaient voir la terre mystérieuse des Antalôtres. Un vent soudain se lève, souffle jusque dans la case, et fait remuer les épis de riz de la dernière saison, suspendus en offrande au coin des Ancêtres. Du regard les Vieux interrogent anxieusement Ralambe. Ce souffle vient-il des Esprits-mauvais apportés des montagnes maudites avec le vol des sauterelles, ou est-il au contraire une manifestation des Seigneurs parfumés et favorables? Vient-il réveiller, dans le coin des Ancêtres, pour la saison prochaine, la force de croissance du riz?.
Déjà les ombres du soir descendent de l'Ankaratre. Les sauterelles, vaincues par la nuit. se sont toutes posées; le bruit strident de leurs vols a fait place à la paix du soir. Un peu de réconfort vient aux âmes attristées des Vieux. Peut-être les sauterelles n'ont-elles pas dévoré tout le riz; et sans doute leurs yeux ne se fermeront pas à la douce lumière avant d'avoir vu lever une nouvelle moisson.
C'est dans le pays des Antalôtres que réside la force du Seigneur-au-nombreux-butin. C'est là qu'il faut aller la renouveler. Ainsi a dit celui qui apporta Randriambéhàze.
Raconte-nous l'histoire, Ralambe, tetle que d'oreille en oreille se la sont transmise les Anciens.
C'était au commencement des temps du Grand-fossé-rond. Tous les soirs les hommes de la Race roulaient le disque de pierre entre les larges piliers, car des bandes de brigands couraient la campagne et surprenaient les villages isolés.
Une fois une troupe de Sakalaves fut cernée et presque détruite dans le pays des Mandiavates. Les débris s'enfuirent dans toutes les directions. Par les feux allumés de montagne en montagne, la joie de la victoire courut de village en village, et les veilleurs firent bonne garde pour arrêter les hommes errants et inconnus. Or, un matin, un étranger se présenta devant la porte du Grand-fossé-rond. Hâve et maigre, souillé de boue, un lamba déchiré ceint autour des reins, il tenait à la main un bois de sagaie démuni de fer, et se défendait seulement par des cornes de bœuf ornées de perles, où des talismans étaient inclus.
Des hommes de la Race, armés de sagaies, le menèrent jusqu'à la Place-des- paroles, sous l'ombre des vieux figuiers, au bas du mur en pierres sèches, et, devant nos Ancêtres rassemblés il parla d'une voix affaiblie, en langue Sakalave, après avoir jeté sur la terre nue les fers de sagaies cachés sous ses vêtements
« Hommes dont je ne sais pas le nom, qui habitez dans ce village fortifié et vous vantez sans doute d'appartenir à la Race des Imériniens, je me livre à vous, car je suis las de m'enfuir, de courir la nuit comme un chien sauvage, et de me cacher tout le jour dans les marais. Vous pouvez faire de moi un esclave ou un cadavre, à moins que vous ne préfériez, en échange de mon sang et du souffle de ma poitrine, le don que je vous apporte !
Alors il sortit de dessous ses vêtements le Talisman formidable inclus dans une étoffe rouge, le Seigneur-au-nombreux-butin. Il dit sa puissance, les interdictions attachées à son culte, les rites à accomplir pour le sanctifier. Il révéla le lieu éloigné, dans le Pays-occidental, où croît l'Arbre-qui-ne-se-dessèche-jamais, et dont Randriambéhâze est une émanation. C'est au Village-de-la-pierre-blanche, bâti sur une colline au bord de la Grande-eau-ronde. Le fugitif dit aussi son propre nom le Seigneur-qui-a-mille-esclaves-pour-le-servir il était de sang royal et régnait sur plusieurs riches villages. Nos Ancêtres ajoutèrent foi à ses paroles, car l'orgueil d'une caste noble brillait dans ses yeux.
« Et voici les dernières recommandations que fit le roi Sakalave, lorsqu'il quitta le pays d'en haut pour retourner chez les siens! »
« Si un jour décroît la force du Seigneur-au-nombreux-butin, et si, plusieurs fois de suite, il refuse d'écarter les Maux et de sauver les hommes de votre Race, c'est qu'aura vieilli la vertu de l'Arbre-qui-ne-se-dessèche-jamais. Il sera nécessaire de la rajeunir, en envoyant un homme parent du gardien de l'Idole cueillir les rameaux et les racines sacrées. Au Village-de-la-pierre-blanche, il prononcera mon nom, et l'Annonciateur-des-jours lui apprendra les rites du rajeunissement ».
« Ainsi, ajouta Ralambe, les jours sont venus où un homme de mon sang doit aller rajeunir là-bas, au pays Occidental, le Seigneur-au-nombreux-butin. Demain Ralahy partira. »
La coutume des ancêtres
Charles RENEL (1866 – 1925)
Editeur P. Ollendorff (Paris) 1910-1925