Conte: Origine de l’âme

Publié le par Alain GYRE

 

Origine de l’âme

Conte Betsimisaraka

Recueilli à Tanjonambo

(province de Vatomandry)

 

Kalalaontany était, dit-on, le premier et le seul habitant de la terre.

Isolé, il s'ennuyait et il se mit un jour a la recherche d'un semblable. n alla successivement dans toutes les directions, au Nord et à l'Ouest, au Sud et à l'Est, mais en vain. Alors il se décida à monter au ciel pour voir s'il trouverait là son pareil, mais il n'y put parvenir.

Triste et las, Kalalaontany croyait être condamné à vivre éternellement seul.

Il cherchait à distraire son ennui, en sculptant dans les troncs d'arbres des statuettes en bois, à son image. Tous les jours il y travaillait, tant et si bien qu'au bout d'une année il en possédait plusieurs dizaines. Or, en ce temps-là, il ne savait même pas se construire de cases pour s'abriter contre le froid et la pluie.

Un jour, pendant la saison fraîche, il fit un grand feu qu'il entretint avec du bois vert. Une fumée s'en dégageait, et montait jusqu'au Zanahary, qui s'en trouva fort incommodé. n dépêcha un messager vers

Kalalaontany pour lui ordonner d'éteindre son feu.

Kalalaontany, d'abord muet d'étonnement à la vue d'un être semblable à lui, écouta le message du Zanahary et y répondit en ces termes

« Je suis seul toujours à la surface de ]a vaste terre, je n'ai personne avec qui partager mes joies et mes souffrances. Je n'ai rien pour me défendre contre le feu et la pluie. Aussi dis à ton maître que je n'éteindrai pas mon feu, à moins qu'il ne consente à donner la vie aux images en bois que j'ai fabriquées. »

Le Zanahary, dit-on, descendit alors sur la terre et se fit montrer les statues en bois. Comme elles étaient très nombreuses il ne consentit à les animer toutes, que si Kalalaontany les partageait avec lui.

Celui-ci accepta et les images de bois, par le souffle du Zanahary, devinrent vivantes et se mirent à marcher et à parler.

« Que chacun de nous, ajouta le Zanahary, conserve la propriété de ce qui lui appartient, la vie pour moi, et le corps pour toi. »

C'est pourquoi, dit-on, quand un homme meurt, son souffle s'en va vers le ciel, demeure du Zanahary, tandis que son corps est placé dans les profondeurs de la terre, où habite Kalalaontany.

 

Contes de Madagascar

Charles RENEL

Troisième partie

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