Conte: Soamiririolona

Publié le par Alain GYRE

Soamiririolona

 

Conte Betsimisaraka

Recueilli à Kanomafana [province d'Andevoranto)

 

Une jeune fille nommée Soamiririolona refusait tous les prétendants à sa main.

Cependant un animal vint la demander en mariage. Comme il était richement habillé, .Soamiririolona, en le voyant, fut charmée et consentit à l’épouser.

Quand le mariage fut fait, l'animal n’entra point dans la case, mais Soamiririolona y pénétra seule.

Du dehors l’animal lui demanda : « Y a-t-il un trou ? Montre le moi.

- En voici un, dit Soamiririolona. »  

L’animal boucha le trou et ajouta : « N’y en a-t-il plus ?

- C’est tout. »

Alors l’animal recouvrit de terre Soamiririolona et partit.

La pauvre femme demeura dans la cave obscure.

Pourtant il restait un petit trou aboutissant à un lieu où les passants préparaient leurs aliments. Plusieurs hommes firent cuire du riz en cet endroit. Comme il était sur le

point d'être cuit, Soamiririolona, sentant l’odeur, s’écria:

«Je suis Soamiririolona: est-ce que Riambo, ma mère, est là ? Avez-vous vu Taranaranabola, ma sœur? Faites savoir à ma mère que j’ai un côté pourri. »

En entendant parler ainsi, les hommes effrayés prirent la fuite.

D’autres arrivèrent, et, voyant le riz cuit, dirent :

« Jetons ce riz, de peur que quelqu’un y ait mis du poison, et faisons-en cuire d’autre. »

Quand leur riz fut près d'être cuit, Soamiririolona, sentant l’odeur, cria ;

«Je suis Soamiririolona... etc. »

Les gens inquiets s’enfuirent.

Enfin une vieille femme et ses compagnes arrivèrent, et s'écrièrent en voyant le riz :

« Quel imbécile que celui qui a abandonné ce riz tout cuit. Pourquoi se donner la peine d’en faire d’autre ?

Mangeons ce qui est prêt.

- Oh non ! Jetons ce riz, dit l'une d'elles; quelqu’un y a peut-être mis du poison. »

Elles jetèrent le riz et en firent d’autre.

Quand le riz fut cuit, Saomiririolona s’écria :

« Je suis Soamiririolona, etc... »

Les compagnes de la vieille femme, épouvantées, voulaient s’enfuir, mais la vieille leur dit :

« Nous allons d’abord écouter attentivement, on dirait que c’est Soamiririolona qui appelle. »

Elles écoutèrent et Soamiririolona recommença à crier:

«Je suis, etc,, »

Elles reconnurent sa voix et allèrent raconter la chose à la mère.

Celle-ci s’écria, toute joyeuse;

« Ma fille est encore vivante; je vais aller la chercher. »

On déterra Soamiririolona, qui était à moitié morte. On la soigna bien, mais elle était demeurée trop longtemps sous terre et elle ne tarda pas à mourir.

 

Contes de Madagascar

Charles RENEL

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