Conte:  Une esclave sauvée par des stèles

Publié le par Alain GYRE

 

 Une esclave sauvée par des stèles

 

Au XVIIe siècle, la vente d’esclaves était très pratiquée en Afrique et même à Madagascar. On envoyait les esclaves travailler en Europe et en Amérique. Mais quelques-uns parmi eux avaient la chance de s’enfuir. Voici l’histoire d’une petite Malgache, esclave à cette époque-là.

Un jour, un bateau jeta l’ancre sur la côte set. Le capitaine était un riche arabe qui voulait acheter cent esclaves, vingt hommes et quatre-vingt femmes. Il voulait beaucoup plus de femmes, car elles auraient beaucoup d’enfants en épousant des esclaves mâles en Amérique. Ainsi leurs enfants deviendraient-ils automatiquement esclaves à leur tour.

Ce jour-là, il y avait une très jeune fille parmi les esclaves qu’on allait embarquer. La troupe d’esclaves cheminait le long d’une falaise quand la jeune fille tituba et chuta. Le gardien de la troupe la vit tomber et crut qu’elle voulait s’enfuir, il se lança avec ses hommes à sa poursuite. Ils durent faire un long détour pour trouver un chemin praticable et atteindre le bas de la falaise. C’était une plage de sable blanc où la mer dansait avec ses rouleaux d’écume, bercée par le vent qui agitait doucement les palmiers. Sur le sable humide, des traces fraîches de petits pieds menaient à la palmeraie et se perdaient dans l’ombre profonde… Toute la journée ils errèrent dans la forêt sans la trouver…

A la nuit tombante, l’un d’entre eux vit une trace de pied bien fraîche et, après quelques minutes de marche, ils virent à une dizaine de pas  la jeune fille assises, fatiguée par sa course de toute la journée, sans rien manger ni boire. Mais autour d’elle, se dressaient dans l’ombre trois hommes très grands qui attendaient les poursuivants, elle alla se cacher derrière celui du milieu. Les poursuivants n’osèrent pas s’approcher de ces géants.

Le chef des gardiens leur cria :

- Nous ne voulons pas combattre avec vous, nous voulons seulement la fille ! Voyez, nous sommes nombreux et vous n’êtes que trois !

Mais les trois géants ne répondirent pas et la fille terrorisée ne disait rien.

Alors, devant ce silence, les poursuivants commencèrent à attaquer avec des sagaies, des lances, des fusils. Mais aucun projectile ne venait à bout des géants qui restaient dressés, immobiles. Bientôt, les gardiens d’esclaves se retrouvèrent sans munitions, leurs adversaires semblaient indestructibles. A cet instant-là un sanglier fonça brusquement sur eux, ils crurent que les géants les attaquaient et ils s’enfuirent vers le bateau, renonçant à leur capture ;

Épuisée, la jeune fille s’endormit, protégée par les rois sauveurs. Au maton, quand elle se réveilla, elle fut très surprise de découvrir que ces géants n’étaient que des stèles qui, la nuit, ressemblaient à des géants.

La descendance de cette fille adore depuis ces trois stèles car ce furent pour eux des stèles salvatrices.

On leur voue un culte et on leur offre du miel et du sucre depuis cette époque.

 

Raphaël Rakotomanana

 

Angano

Contes et histoires de Madagascar

Recueillis, traduits et adaptés par

Bernard et Monique CLAVERIE

Lettres de l’Océan Indien

L’Harmattan

 

 

 

 

 

 

Publié dans Contes, Angano

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