Conte: Virara et Malaza - Raymond DECARY

Publié le par Alain GYRE

Virara et Malaza

Conte Vezo, recueilli à Tulear

 

Mandombalera et Tsitrambalimantoaka sont deux boutres qui pouvaient contenir chacun cinquante homme. Bercés par les minuscules vagues, ils s'inclinaient doucement, tantôt à droite, tantôt à gauche, au mouillage d'Andavadoaka.

Andavadoaka était un village où vivait un roi nommé Manakarivo.

Dans ce même village vivait un homme qui était très riche appelé Longombiby (l), ainsi nommé parce qu'il a fait serment du sang (2) avec le caïman, le rat, le sanglier, le requin.

Manakarivo avait un fils nommé Virara, et Longombiby avait aussi un fils Malaza.

Malaza et Virara sont deux amis de même âge.

Un jour, Virara proposa ceci à son ami : « Allons faire une course dans le lointain avec nos boutres ; je crois que nos pères ne s'y opposeront pas ».

Ils consultèrent le roi et le riche homme qui donnèrent leur assentiment.

Le roi fit venir un ombiasa (3) pour dire le jour faste.

Il étala une natte en vinda (4-5) et disposa ses grains, puis il déclara que les deux jeunes gens devraient partir le vendredi matin.

Durant toute la journée, Virara et Malaza se préparèrent pour le départ. Ils embarquèrent des vivres pour plusieurs jours, des armes.

Au départ, le ciel était légèrement couvert de nuages. Un vent d'est frissonnait les feuilles des arbres, les coqs s'agitèrent dans leurs poulaillers et percèrent de leur voix aigüe la tranquillité de la nuit.

L'aube du vendredi naît. Les habitants se dirigèrent en foule nombreuse vers la plage.

Les matelots préparèrent les cordes, hissèrent les voiles.

A terre, on sonnait des antsiva (conques) (6), on battait des tambours, des chants accompagnés de claquements de mains retentirent en l'honneur des deux amis.

Tout à coup un vorondreo (oiseau qui pousse des cris lugubres) (7) planait dans l'air ; il poussait ses cris plaintifs, et brusquement les chants, les claquements de mains s'arrêtèrent.

Tous les yeux furent braqués sur l'oiseau, tout était saisi de stupeur, car l'oiseau est un porte-malheur. Lentement l'oiseau décrivit une courbe, descendit et se posa sur le sommet du mat de Mandombalera. Malaza, assis sur le pont, tremblait de tout son être, car il savait que l'oiseau est le présage de malheur pour lui ou pour son boutre ; il ne savait plus quel parti prendre, il était hébété ; il voulut renoncer à faire ce voyage, mais la honte le poussait.

L'oiseau quitta son perchoir. Il planait au-dessus des têtes en poussant toujours ses cris, puis il disparut dans la forêt profonde.

Les matelots embarquèrent le nanga (ancre), et les deux boutres s'avancèrent majestueusement vers l'ouest, poussés par la brise matinale.

Le soleil se leva graduellement ; on aperçut au loin à l'ouest deux formes blanches et brillantes qui diminuèrent peu à peu et disparurent complètement.

Le roi et le riche homme étaient sombres et soucieux.

Après quelques jours de voyage ensemble, les deux boutres se séparèrent. Mandombalera qui marchait plus vite surpassa l'autre. Chacun poursuivit sa route.

Quelques jours après, Virara aperçut une ile couverte de forêts verdoyantes. Il accosta l'ile ; à mesure qu'il en approcha, il voyait des huttes d'où sortirent de minces filets de fumée. L'ile était habitée. Virara chercha un bon mouillage, puis les matelots firent descendre les voiles, mouillèrent l'ancre. Deux jilo (8) furent mis à la mer. Virara suivi de quelques hommes de l'équipage se rendit à terre.

Tout à coup, un vieillard à barbe blanche s'avança vers eux. En arrivant près d'eux, le vieillard se tenait debout, immobile et muet ; il fixa sur eux un regard menaçant et resta silencieux. Virara rompit le silence et dit : « Je suis, dit-il, fils du roi Laivita d'Andavadoaka. J'erre sur toutes les mers pour cher- cher toutes les terres. J'ai trouvé cette terre et elle doit m'appartenir.

- Jeune étourdi, dit le vieillard, je te fais savoir que cette terre ne t'appartiendra jamais, je suis le seul roi de cette terre et nul ne peut mettre pied ici.

- Cette terre m'appartient, dit Virara brutalement.

- Vous êtes priés de retourner immédiatement dans votre boutre, dit le vieillard, sinon je ferai venir mon monstre à sept têtes (9) pour vous dévorer ».

Furieux, Virara dit : « Ce vieillard est trop arrogant ; saisissez le, garottez le ! S'il ose m'adresser encore ses méchantes paroles, sa tête répondra de sa vie ».

Ses hommes se précipitèrent sur le vieillard, le garottèrent.

Le vieillard poussa des cris aigus, il appela.

Presque aussitôt, le monstre à sept têtes s'avança vers eux. Ses yeux flamboyèrent, du feu sortit de ses bouches, ses sept langues brillèrent comme du fer rougi. Pris de panique, l'équipage se précipita sur le boutre, emmenant le vieillard garotté.

Le monstre s'arrêta au bord de l'eau.

Debout au milieu du pont, un grand coutelas à la main, Virara regarda attentivement le monstre. Il leva son coutelas et dit au vieillard étendu à ses pieds : « Ton heure est proche. Dis à ton monstre de retourner dans son repaire et tu seras libre. Autrement... »

La vie est douce (10).

Le vieillard cria de toute la force de son être pour faire retourner le monstre.

Trop tard, car déjà le monstre s'enfonçait sous l'eau (11).

Virara fit hisser les voiles ; on tira l'ancre et au moment où le boutre allait prendre son élan, il fut arrêté soudain, secoué vivement, les mâts craquèrent et se brisèrent, les hommes ahuris coururent le long du pont.

Le monstre tenait Tsitrambalimantoaka, il s'agrippa à la paroi du boutre qu'il tenait à babord ; il monta.

Virara commanda à son équipage de prendre chacun le coutelas, la sagaie et de couper les têtes dès qu'elles apparaissent.

Le monstre allait se glisser sur le pont ; les hommes se ruèrent sur lui, trouèrent son corps de plusieurs coups de sagaies, coupèrent les têtes qui tombèrent et roulèrent sur le pont. Le monstre fut vaincu.

Tout le monde cria de joie. Virara fut victorieux.

Le vieillard mourut, sa tête fut tranchée.

Les huit têtes, trophées de la victoire, furent bien conservées.

Virara fut le maître de l'île.

Ils restèrent sur cette île pendant quelques jours pour réparer les dégâts. ...

Malaza dirigeait toujours son boutre vers l'ouest.

Il était soucieux à cause de l'oiseau porte-malheur qui se posait sur le mât de son boutre au moment du départ.

Devant lui, une grande île se dessina, et tout l'équipage cria : « Nosé, Nosé ! » (l2).

Malaza pointa vers l'île.

Quelque temps après, Mandombalera mouilla l'ancre.

Cette île inconnue était très grande, verdoyante.

Tout le monde contempla l'île, des montagnes hautes et des forêts noires la constituaient.

Les hommes mirent le jilo à la mer. Malaza et deux marins prirent place dans le jilo, ils se dirigèrent vers l'île puis s'enfoncèrent dans la forêt.

En arrivant au pied d'une montagne, ils trouvèrent un grand lac bordé de plantes ; ils s'arrêtèrent, se désaltérèrent et se reposèrent au pied d'un grand baobab.

Tout à coup dix jeunes filles se dirigèrent vers le lac. Une d'elles, plus ornée, se trouvait au milieu. Elles chantèrent, rirent.

Malaza dit aux deux marins : « Cachons-nous ». Les deux matelots se précipitèrent dans les hautes herbes et disparurent.

Malaza grimpa lestement sur le baobab et se cacha derrière une branche.

Les filles arrivèrent au bord du lac, s'assirent, d'autres jouèrent au bord du lac. Une fille poussa un cri : elle venait d'apercevoir dans le lac l'image d'un homme très beau. C'était l'image de Malaza réfléchie par l'eau limpide du lac ; les autres s'approchèrent et contemplèrent l'image.

Soudain l'image disparut ; les filles furent stupéfaites.

Malaza descendit lentement derrière le reniala (13). En le voyant les filles prirent la fuite. Malaza se mit à les poursuivre et parvint à attraper la fille la plus ornée ; les autres disparurent.

La fille trembla ; Malaza la rassura, souriant, en lui disant : « Na'yez pas peur ! Je suis Malaza, fils du riche homme d'Andavadoaka. Pouvez-vous me dire où se trouve le village ? »

La jeune fille répondit : « Notre village est là-bas à l'ouest.

-  Est-il grand, ce village ?

-  Oui, dit la jeune fille ; c'est le plus grand de tous les villages.

- Y a-t-il un roi dans ce village ?

- Mon père est le roi de cette terre, de ce village.

- Et quel est votre nom ?

- Je m'appelle Volarano ».

La princesse était belle.

Malaza l'aima et il déclara : « Voulez-vous êtres mon épouse ? »

La princesse, qui aima à son tour Malaza, accepta la proposition.

Tandis qu'ils causaient, un nuage de poussière venant de l'ouest s'avança vers eux. Malaza leva la tête, aperçut une multitude d’hommes armés.

« Voici venir mon père ! » dit Volarano.

Le roi et ses hommes arrivèrent devant eux. Malaza fut garotté. Volarano pleura, elle implora la grâce de Malaza, son père ne l'écouta pas. Malaza fut transporté vers le village, le jiho (l4) retentit dans la vallée. Ils gravirent une montagne. Au sommet de la montagne, Malaza distingua un grand village ; au milieu une grande case entourée d'une haie de cactus (15) dominait les autres cases, c'était la demeure royale.

La horde descendit de la montagne, suivit un sentier bordé de plantes épineuses et arriva au village. Des chiens maigres aux oreilles dressées aboyèrent ; des vieillards, des femmes et des enfants se réunissaient par plusieurs groupes, ils chantaient.

Le roi entra dans son enclos. Malaza fut déposé à terre et délié.

Un flot de personnes emplit la cour royale. Le silence s'établit. Le roi s'avança, le centre de la cour se creusa, formant un bassin, laissant Malaza debout au milieu.

Un commandement déchira le silence.

Le roi harangua : « Entendez, vous tous ! dit-il. Au temps où les Zanahary descendirent sur le monde, cette terre fut bâtie de leurs mains. Et des centaines de milliers de lunes, depuis, ont roulé dans la nuit. Puis les Zanahary ont semé les peuples et les animaux sur cette terre. Mes aïeux furent désignés pour être rois, et je suis descendant de ces aïeux. Si une personne qui n'est pas du pays met pied sur cette terre, la mort par le feu sera sa part ».

Malaza pâlit. « Envoyez cet homme dans la grotte » dit le roi (l6).

Le jour commence à décliner. Voici maintenant la nuit noire. Dans sa grotte, Malaza tâtonnait, cherchait quelque issue, mais en vain. Fatigué et désespéré, il s'assit.

Dehors une ombre se glissa, comme un serpent, vers la grotte. L'ombre s'arrêta un instant puis reprit sa course, ne s'arrêta que devant les gardiens endormis.

C'était Volarano qui allait à la délivrance de Malaza. Elle ouvrit la porte de la grotte et entra dans l'obscurité ; elle appela doucement Malaza. Il se leva brusquement ; ses yeux vides fouillèrent dans les ténèbres. Une voix féminine parvint à ses oreilles ; son cœur battit violemment. Volarano l'entraîna vers la porte et ils prirent la fuite ; ils s'arrêtèrent au pied d'un grand arbre. « Prends cette direction, dit Volarano, et cours de toute ta force, car d'ici quelque temps, les gardiens s'apercevront de ta fuite et ils se mettront à ta poursuite ».

Soudain quatre yeux brillèrent dans l'ombre, deux gardiens étaient devant eux. Malaza allait détaler ; il fut saisi et après une courte lutte, il fut de nouveau garotté et ramené dans sa prison.

Désespérée, Volarano rentra en pleurant. La vision de Malaza, jeté au feu, dévoré par la flamme, la hantait, elle ne s'endormit pas. Elle pensa longuement au moyen de le délivrer.

Le jour naissait. Tout à l'est du village, des esclaves creusèrent un grand fossé sous un grand arbre sacré. Ils le remplirent de bois et y mirent le feu.

Malaza fut amené vers la fosse, suivi par plusieurs guerriers au torse et aux jambes nues. Derrière la horde, une jeune fille courut affolée, elle s'approcha du grand arbre sur lequel est le fossé, elle grimpa vivement sur l'arbre, s'assit sur une grosse branche et cria : « 0 roi ! ô peuple ! Cet homme sera mon époux ; si vous le jetez dans le feu, je me jetterai dans le fosse ! »

Le roi fut un moment interdit, puis il dit à sa fille : « Descends et je remettrai à cet homme sa peine ».

Volarano dit : « Avant que je descende, comblez ce trou ».

Le fossé fut comblé, Malaza gracié et Volarano descendit de l'arbre.

Qu'on juge la joie de Malaza et Volarano ; ils plièrent les genoux devant le roi et lui baisèrent les pieds (l7).

On retourna au village.

Le roi dit à son futur gendre : « Puisque tu vas épouser ma fille, je vais te soumettre à trois épreuves. Pour commencer, dit-il, vois ce grand champ couvert d'herbes ; tu vas le sarcler et faire en sorte que le champ soit propre aujourd'hui ».

Puis le roi rentra au village.

Malaza se mit à sarcler. Le champ était trop grand, il ne pourra pas le sarcler en une journée. Une idée vint à lui. Il se souvient que son père avait autrefois fait un serment de sang avec le sanglier. D'un bond il grimpa sur un arbre très élevé, puis il se mit à appeler : « 0 sangliers de cette forêt, frères de sang de mon père Longombiby, aidez-moi à sarcler ce champ ! »

Plusieurs centaines de sangliers se réunirent sur le champ. Ils coupèrent les herbes et les arbustes avec leurs tranchantes défenses. Au bout de quelques minutes, le champ était à nu, les sangliers se dispersèrent.

Malaza descendit, alla dire au roi que sa tâche est faite.

Le roi était au comble de son étonnement.

Deuxième épreuve. « J'ai perdu, dit-il, un anneau d'argent ; cherche et trouve le ».

Pendant la nuit, Malaza appela tous les rats : « 0 rats, frères de sang de mon père Longombiby, secourez moi ; un anneau d'argent a été perdu ; cherchez le et rapportez le moi ». Tous les rats se mirent à fouiller toutes les cases de fond en comble. L'anneau caché exprès par le roi fut retrouvé et rapporté à Malaza.

Le lendemain, l'anneau fut rendu au roi.

Troisième épreuve. Le roi amena Malaza vers un lac noir, très profond et peuplé de caïmans. « Un miroir, dit-il, a été tombé au fond de ce lac. Tu épouseras ma fille lorsque ce miroir me sera rapporté ».

A la nuit tombante, Malaza se dirigea vers le lac, il appela les caïmans. « 0 caïmans, frères de sang de mon père Longombiby, un miroir a été tombé dans ce lac ; rapportez le moi ».

Presque aussitôt un gros caïman surgit de l'eau, tenant dans sa gueule le miroir.

Le lendemain Malaza remit le miroir au roi.

On célébra le mariage de Malaza et de Volarano.

Le village tout entier était en fête.

On se prépara pour le retour. Malaza fit embarquer les trésors donnés par son beau-père. Radieux, il entraîna sa femme vers le boutre. Les voiles furent hissées et Mandombalora reprenait la course vers l'est.

Deux jours après, il rencontrait Virara qui venait de quitter son île. Tandis que les deux boutres glissèrent côte à côte, les deux amis se racontèrent gaiement leurs aventures.

Quelques jours après, ils firent leur entrée à Andavadoaka. Une multitude de personnes les attendaient à terre. Ils débarquèrent et se perdirent dans la foule.

 

Notes :

(1) Longombiby signifie «parent des animaux» (Ion go, parent; biby, animal).

(2) Le serment du sang ou fatidra crée une parenté artificielle entre les contractants qui doivent se prêter en toute circonstance secours et assistance, et mettre tous leurs biens en commun. Pour plus de détails, je renvoie à la note n° 1 du conte « Origine du fatidra ».

(3) Les potamochères sont les sangliers malgaches. Le Potamochaerus larvatus existe dans tout Madagascar, représenté par deux sous-espèces. Ses mœurs sont celles de notre sanglier européen et les dégats qu'il cause aux cultures, surtout aux champs de manioc et de patates, sont parfois considérables. Presque partout, on le chasse avec des chiens dressés dans ce but ; il existe des chasseurs professionnels possédant de véritables meutes. On peut aussi capturer les sangliers au piège.

(4) Le vinda ou Cyperus flabelliformis existe aussi en Afrique tropicale et australe ; on le trouve également à la Réunion et à Maurice où il a été introduit. A Madagascar, il vit à peu près dans toute l'île, sauf l'Extrême Sud, et a parfois été planté. Sa tige est utilisée pour la confection de nattes fines et de chapeaux légers.

(5) Pour faire le sikily.

(6) Voir, sur l'antsiva, la note N° 2 du conte « L'enfant rusé ».

(7) Parmi les modes de divination employés à Madagascar, l'ornithomancie ou prédiction par les oiseaux n'est pas inconnue. L'observation du mode de vol de certains oiseaux permet de connaître l'avenir et, chez les Tanala par exemple, la chute sur un individu d'une fiente de papango est un signe de mort prochaine. Parmi les oiseaux porte-malheur, qui sont pour la plupart des nocturnes, le vorondreo ou Leptosomus discolor, oiseau au chant triste et langoureux, n'est généralement pas mentionné. D'une façon générale cet oiseau, qui intervient plus d'une fois dans le folklore de l'Ouest et du Sud, n'est pas considéré comme étant de mauvais augure.

(8) Le jilo est chez les peuples du Sud-Ouest une pirogue légère pouvant être embarquée à bord des boutres et permettant la communication avec la terre.

(9) Ce monstre est connu dans le Sud-Ouest sous le nom de tompondrano ou maître des eaux, douces et marines. Les Vezo osent à peine prononcer son nom et font usage, quand ils vont en mer, de talismans protecteurs. Dans la région orientale et centrale, le monstre à sept têtes est appelé fananimpitoloha. En fait, le monstre heptacéphale est de tous les temps et de tous les lieux. L'hydre de Lerne, la bête à sept têtes de l'Apocalypse peuvent être considérés comme les lointains ancê- tres du monstre malgache. Dans les Prairies d'Or, le géographe arabe Maçoudi signale la croyance, chez les Arabes et les Persans, en un monstrueux serpent marin, le tennin, qui pouvait aller à terre et renversait les montagnes de son souffle ou de sa queue. Il est fort probable que la croyance malgache est d'ancienne origine arabe. Il est à noter, d'autre part, que très rares sont, dans les contes malgaches, ceux qui font allusion à ce monstre. On ne le trouve mentionné ni dans les recueils de Ferrand ni dans ceux de Renel

10) Cette phrase traduit exactement l'aphorisme bien connu: mamy ny aina (douce est la vie).

(11) Il s'agit bien ici du tompondrano, quoique son auteur ne l'ait pas nommé. Mais il faut souligner que les Vezo croient aussi, et avec plus de vrai- semblance à l'existence du « serpent de mer ». G. Petit a rapporté à ce sujet un incident assez curieux survenu en 1926 et où, au cours d'une excursion en mer près de Sarodrano, les Vezo lui assurèrent qu'ils avaient croisé un tompondrano à distance, autrement dit un serpent de mer. Les pêcheurs lui assigneraient une longueur de 20 à 25 mètres, un corps large et plat couvert de plaques dures. La bouche serait ventrale, l'animal devant se retourner sur le dos pour attaquer. La tête serait lumineuse et lancerait des feux en se rapprochant de la surface. Le dé- placement se ferait par ondulations verticales.

(12) Ile ! Ile ! Nose est la forme dialectale du merina nosy.

(13) Le mot reniala est un des noms vernaculaires du baobab. Il signifie « mère de la forêt ». L'expression est remarquablement choisie. Le baobab domine de sa haute taille la masse des arbres, au-dessus de laquelle il semble étendre ses branches plus ou moins horizontales dans un geste de protection.

(14) Chant guerrier en usage autrefois dans le Sud-Ouest.

(15) Dans le Sud, les haies de cactus, avant leur destruction par la coche- nille, remplaçaient autrefois, autour des habitations royales, les rangées de groi pieux pointus en usage dans les rova du centre de l'île.

(16) La grotte servait de prison.

(17) Baiser ou lécher les pieds du souverain était, dans les temps anciens, le signe le plus profond du respect qu'on pouvait lui manifester.

Contes et légendes du Sud-Ouest de Madagascar

Raymond DECARY

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