Notes du passé: Une stratégie guerrière originale et singulière

Publié le par Alain GYRE

Une stratégie guerrière originale et singulière

13.12.2016 Notes du passé

Pour mener à bien son objectif de réunification de l’Imerina, Andrianampoinimerina applique une stratégie aussi singulière qu’originale. Et ce, dans le but de stimuler les qualités guerrières de ses hommes, mais aussi de gagner le cœur de ses ennemis. Nul n’a jamais douté de  son bon sens rigoureux, de sa grande sûreté de jugement, de son sens profond de justice et d’humanité.

Sa première tactique consiste à mettre en valeur le fait qu’il est né le premier jour de la lune d’Alahamady de l’an 1745 ( ), c’est-à-dire un jour considéré comme violent. Pour être violent, le destin d’Imboasalama n’en est pas moins chargé d’heureux augures qui annoncent sa future grandeur, à l’instar des grands souverains qui l’ont précédé, tels Ralambo et Andriamasinavalona.

Son peuple l’accueille d’ailleurs favorablement quand il est placé sur le trône d’Ambohimanga, d’autant qu’il se réfère aux paroles de ce dernier. « Je suis ce qu’Andriamasinavalona vous a promis, je suis le descendant doté de cornes, je suis le maître de l’Imerina, je suis le roi-au-cœur-des-Merina» (Andrina am-poin’ny Merina).

Sa foi en sa bonne fortune s’appuie, en outre, sur l’ordre de succession établi par son grand-père Andriambelomasina pour bien prouver qu’il n’est pas un usurpateur. Le grand souverain a annoncé à ses enfants devant les Grands du royaume qu’Andrianjafy, son fils aîné, « règnera d’abord »; lui succèdera  Imboasalama, « le fils de votre sœur ».

On sait comment l’histoire se termine. Poussé par son épouse, Andrianjafy veut modifier cette décision en nommant comme successeur son propre fils; détrôné, il doit s’enfuir et son neveu règne avant l’heure.

Andrianampoinimerina pratique aussi le « lokanady », sorte de motivation pour inciter ses hommes à combattre pour vaincre. Cette incitation, en fait, s’adresse beaucoup plus à leurs conjointes qu’aux soldats eux-mêmes.

En effet, si leurs maris montrent de la bravoure au combat, hormis les avantages matériels obtenus, elles sont mises sur un piédestal dans la société. Tandis que les épouses des « mauvais soldats » sont montrées du doigt et réduites au rang de simples servantes. De quoi exciter l’orgueil de ces dames qui ne manquent pas d’user de câlineries et de menaces de séparation pour réveiller l’esprit guerrier de leurs hommes.

Le grand monarque tolère cependant un « moment de lâcheté»

– qui quelque part équivaut à de la trahison- si le soldat se rattrape par des prouesses. Sinon, décrète-t-il, « il perd épouse et enfants qui me reviennent ».

Dans toutes ses expéditions, Andrianampoinimerina se fait accompagner des idoles du royaume dans le but évident de vaincre, mais aussi parce qu’il se préoccupe avant toute attaque de s’emparer des fétiches sacrés de ses ennemis qui « leur donnent puissance et confiance en leur invincibilité ». S’il s’agit d’idoles aux vertus heureuses, il les fait siennes et veille à ce qu’elles soient bien préservées et bien respectées. Sinon, il donne l’ordre de les détruire.

Faisant preuve d’une grande magnanimité, il accorde un bon traitement aux roitelets et seigneurs qui l’acceptent de prime abord comme souverain, les maintenant à la tête de leur fief avec tous les avantages que cela comporte. De plus, il fait d’eux « les enfants d’Ambohimanga avec tous les honneurs que cela entraîne ».

Si le seigneur refuse d’être « son enfant », il engage la bataille et après la victoire, il conclut en épousant soit la femme soit la fille du vaincu et la place à la direction du fief. Ce qui explique les « Douze collines aux douze femmes ». Et si ces nouvelles conjointes lui donnent des descendants, ils héritent du fief. Dans le cas contraire, il se charge d’y nommer un seigneur parmi ses courtisans.

Parfois, la famille et le peuple des roitelets vaincus l’acceptent à contrecœur comme roi et pour éviter toute velléité d’insurrection, Andrianampoinimerina y établit des colons-soldats issus de l’Avaradrano, qu’il appelle les « Voromahery ». C’est le cas pour Ambohibeloma dans le Mandia­vato où il installe 800 hommes, les Valonjatolahy. Il en est de même à Ambohitrambo chez les Tsimiamboholahy.

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles

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