Peuple et culture

Publié le par Alain GYRE

Peuple et culture

La population malgache (environ 21 millions d’habitants) est rurale pour plus des ¾ et une large majorité d’entre eux vivent d’une agriculture essentiellement vivrière. La découverte des activités agricoles, et au sein des villages, de la vie quotidienne constitue l’un des principaux attraits de la grande île.

Le riz

 

Impossible d’évoquer Madagascar sans traiter le thème du riz. Le pays vit au rythme des deux saisons de riz (récolte en décembre/janvier et en avril). Les paysages qui sont souvent agrémentés d’un véritable patchwork de petites rizières changent aussi considérablement au fil des saisons. Les scènes de repiquage ou de moissons procurent de superbes images. Les malgaches entretiennent avec cette graminée, qui constitue leur féculent de base, un rapport qui va bien au-delà de la simple nourriture et chaque étape de sa culture donne lieu à des rites et fêtes.

Le zébu

 

Omniprésent dans le décor également : le zébu. Très longtemps, il y avait davantage de zébus à Madagascar que d’habitants ! Si les proportions se sont inversées aujourd’hui, les immenses troupeaux qui, du Sud  remontent jusqu’aux portes de la capitale, se croisent inévitablement (en particulier le long de la RN7). Les gardiens qui parcourent en plusieurs semaines des centaines de kilomètres auraient un intérêt commercial à transporter leurs bêtes en camion. Mais, poids de la tradition… Au-delà de la viande qu’il procure, le zébu est vénéré et très souvent associé à des rites cultuels (sacrifices). Bien plus qu’un simple capital, le zébu est le symbole de toutes les valeurs. La couleur de sa robe exprime les circonstances joyeuses ou douloureuses de la vie. Les bucranes (crâne et cornes) ornent les tombes. Leur nombre est alors en rapport avec (ce que fût) la puissance du défunt.

 

La corrida Betsileo ou « Savika » qui consiste à s’accrocher le plus longtemps possible à la bosse de ces superbes animaux, n’a pour but que de rendre hommage à leur force. Il faut assister à ces représentations, notamment à Fianarantsoa ou dans les villages environnants, quand musique et costumes traditionnels se joignent à la fête.

 

Les zébus sont régulièrement associés aux travaux des champs. Vous verrez de petits troupeaux, harangués par de jeunes gardiens, qui piétinent les sols afin de les préparer au repiquage du riz. Approchez-vous et fièrement ces adolescents improviseront un « Savika » pour vous montrer à la fois leur bravoure et l’admiration qu’ils vouent à leurs bêtes.

 

 

L’artisanat

 

L’artisanat est une autre activité essentiellement rurale mais qui se développe dans les villes pour la part de sa production « haut de gamme ». Les objets artisanaux sont très souvent utilitaires et liés aux activités agricoles. Ces dernières années, la qualité d’un artisanat plus décoratif et esthétique s’est considérablement développée. Bon nombre d’objets artisanaux de très belle qualité sont exportés.

 

La broderie

Sur les Hautes Terres, tout particulièrement, la broderie est une tradition. Toutes les jeunes filles apprennent à coudre et à broder, leur habileté est telle que quelques-uns des plus grands couturiers de la planète délocalisent leurs ateliers à Madagascar pour la finition des robes de haute couture qui sont les vedettes des plus célèbres défilés.

 

Le point richelieu mais aussi les petits sujets naïfs et colorés qui agrémentent les nappes et tissus d’ameublement font la joie des touristes qui ne manquent pas de

ramener ces souvenirs très prisés.

 

La soie

Cas unique au monde : Madagascar dispose de deux types de soie. La soie naturelle à partir du ver à soie nourri en élevage de feuilles de mûriers et la soie sauvage que l’on récolte dans les forêts de tapia et dans de nombreuses contrées de l’île. Il s’agit ici de grands cocons dont on extrait un fil plus grossier aux teintes très variées. C’est à partir de cette soie sauvage que l’on tisse les « lambas » traditionnels. Si certains de ces tissus revêtent un côté sacré en servant de linceul aux défunts, d’autres sont tout aussi précieux aux yeux des hommes et des femmes qui s’en parent lors des cérémonies (plus rarement aujourd’hui au quotidien).

 

Plusieurs ateliers se visitent. Petits métiers horizontaux avec leurs tisserandes assises à même le sol ou grands métiers d’où sortent parfois des tissus qui mélangent soie sauvage et soie naturelle (en y incorporant également d’autres matières telles que le coton ou raphia). Inconcevable de ne pas ramener quelques exemplaires de ces écharpes qui seront si appréciées lors de l’hiver septentrional et qui constituent parmi les plus beaux ambassadeurs de la grande île.

 

Artisanat du bois

En dehors des motifs sculptés architecturaux Zafimaniry, classés au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO, on trouve dans la même région autour d’Ambositra de nombreux sculpteurs qui façonnent quantité d’objets mais aussi de belles figures élancées évoquant des scènes rurales.

 

L’art de la marqueterie s’est bien développé ces dernières années : boîtes, reproduction de tableaux de maîtres…

 

 

Dans le Sud, le travail de la sculpture sur bois est associé à l’art funéraire : de beaux totems dénommés « aloalo » surplombent les tombeaux en représentant des scènes de la vie du défunt : était-il enseignant ? Des élèves sont sagement alignés à leur table d’écolier. Etait-il chauffeur ? Un taxi-brousse bondé de monde surmonte ce pilier décoré sur toute sa hauteur. Ces scènes sont extrêmement attachantes.

 

Dans le Menabe central, un village de sculpteurs qui n’utilisent que du bois mort est à visiter : les artisans de Marofandilia reproduisent d’élégants baobabs, hérons…

 

En bois, se fabriquent également tout un ensemble d’instruments de musique traditionnelle : d’imposants valiha en bambou gravés qui ne sont que des objets de décoration aux flûtes, de formes les plus variées, qui sont fabriquées par de véritables luthiers.

 

La ferblanterie

A Madagascar, cet artisanat est synonyme de « recyclage ». Rien ne se perd, tout se transforme. Ainsi, la canette de THB (bière locale) ou la boîte de lait concentré (qui sert de mesure notamment pour le riz) se retrouvent transformées en petite voiture, moto ou taxi-brousse.

Ce sont ces mêmes objets que vous retrouvez dans de belles boutiques européennes (dont celle du musée des arts premiers, quai Branly à Paris) mais que vous pourrez acquérir ici en toute simplicité.

Le circuit des artisans à Antsirabe permet de découvrir des ateliers parmi les plus « hauts en couleurs » qui soient.

 

La vannerie

Des grands palmiers raphias, on extrait une fibre qui peut être travaillée sous de multiples aspects. Utilisée avec sa teinte naturelle ou colorée, sous les doigts d’habiles artisans, cette fibre devient sac, chapeau, natte… A partir du raphia mais aussi de fibres de joncs ou de cocotiers, des créateurs étrangers ou malgaches ayant séjourné à l’extérieur ont apporté un savoir-faire qui permet aux artisans de tisser des objets de très haute facture : tels ces chapeaux qui trônent sur les têtes des spectateurs fidèles des travées de Roland Garros !...

 

En milieu rural, ce sont des objets plus sommaires qui sont fabriqués dont des sobika (paniers) qui servent à de multiples usages. Les villageois de tous âges qui s’adonnent à cet artisanat traditionnel méritent d’être observés pour leur habileté.

 

 

La bijouterie

Le sous-sol malgache regorge de pierres précieuses (rubis, émeraudes…) mais surtout semi-précieuses. La population d’origine indo-pakistanaise a apporté avec elle depuis un demi-siècle les techniques de joaillerie.

 

La nature malgache étant généreuse au point de renfermer dans ses entrailles quantité d’or et d’argent, nul besoin d’indiquer que les bijouteries foisonnent.

 

 

De nombreuses créations qui demeurent à la portée de toutes les bourses savent mettre en valeur ces pierres multicolores (citrine, tourmaline, aigue-marine…) serties sur des bracelets, pendentifs, boucles d’oreilles en or ou argent.

 

Dans le Sud se fabriquent des bijoux traditionnels que portent les hommes notamment de gros bracelets dénommés « vangovango ».

 

 

Le papier antemoro

La liste des fabrications artisanales malgaches est très longue mais, sans être exhaustif, citons la fabrication de papier antemoro. Selon d’anciens procédés, nés dans la péninsule arabique et qui ont « débarqué » sur la côte Sud-est malgache avant de se développer à Ambalavao et à partir des matières ligneuses d’un arbustle « Havoa » cuites et malaxées puis séchées, on tire un papier blanc écru et

granuleux dans lequel est souvent incorporé, des pétales de fleurs qui composent de ravissants bouquets impérissables… Reliures, enveloppes, abat-jours peuvent être confectionnés avec ce papier. A Ambalavao, se visite l’une des plus célèbres fabriques où cet artisanat avait retrouvé ses lettres de noblesse au début du  XXème siècle.

 

A Majunga, de véritables magiciens remplissent des bouteilles de sable qui composent des motifs très réalistes.

 

 

A Antsirabe, des ateliers transforment les cornes de zébu en de multiples objets gracieux.

 

 

Même les gousses de vanille se tissent !

 

 

Evènements cultuels et rituels

 

De très nombreuses manifestations cultuelles ponctuent la vie des différentes ethnies qui peuplent la grande île. Si certaines sont annuelles, plusieurs reviennent selon un cycle plus ou moins long. Le Fanompoambe (bain des reliques royales sakalava) à Mahajanga en juin/juillet.

 

Le Sambatra (circoncision collective Antambahoaka en région Mananjary tous les 7 ans – le prochain en 2014).

 

 

Lorsque l’on a l’opportunité d’y assister, cela permet de percer « l’âme malgache » et commencer à appréhender quelques-unes des valeurs traditionnelles auxquelles sont attachées ces populations qui peuvent parfois apparaître comme curieusement réticentes à différentes formes de progrès : ce progrès si souvent décrié dans les pays les plus avancés !

 

Parmi les festivals les plus prisés, associant souvent la musique et différents défilés proches de carnavals, citons

le Donia à Nosy be (autour de la Pentecôte),

 

 

 

le festival des baleines à Sainte-Marie (entre le mois d’août et le début septembre),

 

 

 

la Feria Oramena ou fête de la langouste (juin) à Fort-Dauphin,

 

 

 

le Festimania à Ambositra (juin), Toliara Tsimiroro « Tuléar ne dort jamais », Avy Letchi e ! (novembre) Tamatave, Bassessa Tour (août) à Mahanoro, Akory lahaly (festival de danse folklorique en juin à Brickaville), les régates (août) et carnaval (juin) de Diego Suarez, le festival du vin (février) à Fianarantsoa, le festival Makoa à Morondava (hommage aux esclaves en juillet), le festivanille (octobre) de la région SAVA.

 

La capitale offre de nombreux évènements tels le Madajazzcar…

 

 

Jeux et loisirs traditionnels

 

Dans les quartiers les plus populaires des grandes villes et à même le trottoir ou dans les villages de « brousse », vous surprendrez bon nombre de joueurs de cartes ou dominos. Plus traditionnel et original, le Fanorona se pratique sur les hautes terres : jeu de stratégie entre le jeu de Go et les Dames, ce jeu fait l’objet d’une organisation très précise : Fédération et classements lui donnent un côté très officiel. Le jeu, par lui-même, est esthétiquement très beau et peut faire l’objet d’un souvenir (à

défaut de s’y initier !).

 

En dehors du « Savika », il faut citer le Moraingy ou lutte traditionnelle. Elle possède ses champions vénérés, notamment dans le Sud et les tournois sont suivis avec une grande ferveur : musique et danse créent une ambiance torride.

 

 

 

Le patrimoine architectural

 

Le plus bel ensemble architectural et historique est constitué par le Rova de Manjakamiadana. Ce « Palais de la Reine » surplombe tout Antananarivo et fut, malheureusement, le siège d’un incendie en novembre 1995. Il est en très grande partie réhabilité aujourd’hui et les visites complètes vont pouvoir reprendre. Sa façade peut s’admirer lors d’une incontournable promenade dans la Haute Ville qui conduit, juste en dessous du Palais de la Reine, au musée Andafiavaratra (Palais du Premier Ministre Rainilaiarivony qui fut l’époux de trois reines successives !) qui renferme les collections historiques qui étaient exposées autrefois au Palais de la Reine.

 

Le Rova d’Ambohimanga

L’une des douze collines sacrées autour d’Antananarivo fut longtemps le siège de la royauté Merina. A une vingtaine de kilomètres au Nord d’Antananarivo subsiste un palais fortifié (« Rova ») classé au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO depuis 2001. Découverte émouvante de ce que fut la demeure royale d’ANDRIANAMPOINIMERINA, le grand roi fédérateur malgache qui mourut en 1810. Le village d’Ambohimanga, en contre bas du palais est, en outre, très agréable à visiter dans son écrin de verdure.

 

Le Rova d’Antongona

Plus que les deux petites cases (qui abritent néanmoins un musée) qui composent le Rova d’Antongona, c’est l’ensemble du site qui mérite d’être parcouru. Ce Rova est en effet perché sur un énorme rocher qui semble dominer tout le pays Merina. A moins d’une heure de la capitale, après une petite ascension par des sentiers qui furent édifiés il y a 150 ans et bordés de murs d’enceinte biens conservés, l’on arrive au sommet. A 1 500m d’altitude on jouit d’une vue grandiose.

 

L’architecture coloniale

Deux villes disposent d’un bel ensemble de demeures coloniales : Tamatave et Diego Suarez. Grâce aux guides de l’association « Les Amis de Toamasina », on peut parcourir aisément la ville à la découverte de ses monuments, places, musées et anciennes habitations coloniales. A Diego Suarez, l’Office Régional du Tourisme a aménagé tout un ensemble de grands panneaux explicatifs qui

détaillent l’histoire et les richesses architecturales de la ville.

 

Les maisons aux balcons sculptés d’Ambalavao, les portes (d’origine indienne) des anciennes maisons de Mahajanga mais aussi les habitations traditionnelles des Hautes-Terres en brique (métissage entre différentes influences européennes) ou les simples cases en « falafa » des côtes ont chacune leur charme.

La gastronomie

 

La cuisine malgache dispose de quelques mets traditionnels qui, sans être très nombreux, n’en sont pas moins succulents.

 

En premier lieu, le Romazava de zébu, véritable plat national. De petits cubes de viandes de zébu servis avec du riz (incontournable), un rougail de tomates et ce « bouillon clair » qui est la traduction du mot Romazava. Le rouge des tomates, le vert des brèdes (feuilles) qui agrémentent le bouillon, et le blanc du riz composent les couleurs du drapeau national.

Le « Henakisoa sy Ravitoto » (viande de porc avec des feuilles de manioc pilées), le « Henakisoa sy amalona » (viande de porc mélangée avec de l’anguille)… les repas s’accompagnent, notamment en brousse, du « Ranovola » (boisson brune à base d’eau de cuisson du riz).

 

En dehors de ces plats traditionnels, il faut insister sur les qualités organoleptiques exceptionnelles des produits du terroir malgache : que ce soient les fruits et légumes (sur les Terres Centrales poussent sur les mêmes sols des haricots verts et des christophines, des pommiers et des litchis…) ou la viande, notamment celle de zébu qui est des plus goûteuse.

 

Un très grand nombre d’excellentes tables jalonnent le pays et l’on peut affirmer que les plaisirs gastronomiques font aujourd’hui partie intégrante des joies d’un voyage à Madagascar tant quelques chefs savent marier les recettes traditionnelles françaises et les savoureux produits du terroir malgache.

 

Les amateurs de poissons et fruits de mer se régaleront, quasiment partout, sur les côtes. Ceux qui aiment la cuisine asiatique apprécieront les fameuses soupes chinoises de Tamatave…

 

Sources :

https://madagascar-tourisme.com/fr/la-destination/peuple-et-culture/

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