Environnement: Les cris de la nature

Publié le par Alain GYRE

Environnement: Les cris de la nature

Publié le vendredi 11 septembre 2015

Environnement: Les cris de la nature

Les exploitations illicites de pierres précieuses dans la réserve naturelle de Zahamena accélèrent la déforestation à une vitesse plus que menaçante.

Le parc national de Zahamena se situe à 50 kilomètres au nord de Toamasina, dans les régions Alaotra-Mangoro et Analanjirofo. Zahamena est une aire protégée composée d’un parc national et d’une réserve naturelle intégrale appartenant à la forêt de l’Est de Madagascar. Il est classé patrimoine naturel mondial.

Depuis 2009, la découverte de saphir dans la région de Didy a entraîné une réaction en chaîne de découverte de pierres précieuses longeant toute l’étendue de la réserve naturelle de Zahamena allant d’Andilamena vers le Sud de la région d’Alaotra Mangoro. Nombreux sont les chanceux qui sont devenus milliardaires du jour au lendemain en vendant les pierres à des Srilankais qui se sont carrément installés à Ambatondrazaka et les villes avoisinantes. Les conditions de vie se sont certes améliorées depuis cette « ruée vers l’or sihanaka » mais depuis, la nature a souffert. Abattages en masse des arbres sans réglementation, forage en profondeur de la terre, chasse des animaux et exploitation de la flore locale, les activités illicites ne cessent d’augmenter et chacun fait ce qui lui plait sans penser une seule seconde à la nature. Les lémuriens servent de dîner et c’est la réalité, à ce rythme ils connaîtront le même sort que les anciens « babakoto », une espèce de lémurien géant endémique de cette région qui s’est éteint à cause de l’exploitation par l’homme. Les bois précieux, abattus parce qu’ils gênent l’exploitation des pierres, se retrouvent dans la boue et sont transportés par d’autre exploitant profitant de cette opportunité.

La situation est grave, et les pages ne suffiront pas pour décrire la destruction de la faune et de la flore du patrimoine naturel de Zahamena. Si auparavant on entendait les chants des lémuriens dans la forêt, actuellement c’est le cri strident de leur pleur appelant au secours qu’on perçoit à des kilomètres à la ronde. La forêt n’est plus vierge, les exploitant se fichent pas mal de la nature et ne pensent qu’aux quelques millions de dollars qui disparaîtront dans les jours qui suivent car c’est de l’argent maudit localement appelé « volan-dolo » ou argent des esprits. En effet, la croyance locale veut que ces pierres appartiennent aux esprits qui habitent la forêt, et que le fait de les prendre les mettrait en colère. Une croyance qu’on espère se réaliser car la situation est fatale.

En 2011, la découverte d’une seule petite mine illicite a détruit des milliers d’hectares de forêt, à l’heure actuelle, 8 mines illicites sont en pleine activité. L’étendue des dégâts est inimaginable.

Il est temps de trouver une solution qui permettrait de satisfaire tous les besoins de chacun car l’interdiction de l’exploitation par l’Etat est jusqu’à présent un échec total. En plus, les forces de l’ordre, envoyées pour arrêter ce fléau, arrivent sur les lieux et trouvent les moyens d’en profiter eux aussi. Les uns s’associent aux milliardaires étrangers, d’autres se mettent eux aussi à l’exploitation et les plus proches des autorités haut placées ont même des ordres de mission pour escorter les gros poissons de ce trafic vers les villes avoisinant les mines. L’interdiction n’est pas une solution vu que l’exploitation de ces petites mines nourrit des milliers de toits venant des 4 coins de l’île. Le DR. Georg Jaster, responsable juridique de l’Alliance Voahary Gasy propose une alternative permettant la satisfaction de chaque acteur concerné tout en respectant la nature. «L’exploitation illicite des petite mines existe et il ne faut pas les ignorer, l’Etat ne veut regarder que les grandes exploitations industrielles et il fait semblant d’ignorer que de tels actes se produisent dans les réserves naturelles de Madagascar. Il est impossible de les éradiquer car la vie de beaucoup de familles en dépendent. De plus ces pierres existent alors pourquoi les laisser enfouies sous terre ? Il serait plus judicieux de formaliser ces exploitations, instaurer des normes et des responsables et pourquoi pas proposer une part de terrain où l’on peut exploiter pour éviter la destruction de toute la forêt. Il n’est pas impossible de trouver une solution durable qui préserverait la nature tout en satisfaisant les besoins de ces miniers avec la participation de toutes les parties prenante » ajoute-t-il. L’appel au secours de la nature est lancé à tout ceux qui se sentent concernés par la préservation de Madagascar, les larmes de la forêt ont déjà coulé et les animaux crient de toute leurs force car c’est leur seul moyen de défense. Cependant, il n’est pas trop tard pour sauver notre île, la solution est simple…c’est notre participation.

Berado

http://www.lagazette-dgi.com

Publié dans Environnement

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