Environnement : Les primatologues haussent le ton
Environnement : Les primatologues haussent le ton
La disparition des primates dans quelques années risque d’entraîner un dérèglement général de l’écosystème
Les chercheurs et les conservateurs de l'environnement s'inquiètent face à l'impunité des criminels qui détruisent la biodiversité. Ils prévoient une stratégie pour les combattre.
L'hypothèse émise sur la disparition des primates d'ici vingt ans vise à interpeller tous les responsables. Nous ne pouvons pas attendre vingt ans pour agir contre les trafiquants et les pilleurs de faune et flore dans la Grande île. La guerre est désormais ouverte contre ces destructeurs de l'environnement, a annoncé Jonah Ratsimbazafy, primatologue et participant au congrès national sur les prosimiens, groupe de primates qui comprend les lémuriens, les loris, les tarsiers et les galagos, à Ranomafana la semaine dernière. Les deux cents experts des primates réunis à Ranomafana ont ainsi fait connaître leurs inquiétudes face à la vitesse avec laquelle la dégradation de l'environnement s'effectue à Madagascar, lors ce congrès axé sur le thème « Comment la science et la politique peuvent éloigner les prosimiens du gouffre de l'extinction ».
« Si les communautés de base ne font plus confiance aux autorités face à l'impunité des criminels, il faut leur apprendre à fermer et à conserver le garde-manger », a ajouté le primatologue. Cette impunité et cette dégradation de l'environnement sans fin auraient pour origine la méconnaissance des impacts de la disparition du milieu
naturel.
Dramatique
Selon cet enseignant chercheur à l'université d'Antananarivo, l'invasion acridienne dans le sud et sur les deux tiers du territoire malgache serait dûe notamment à la disparition de la forêt dans cette partie méridionale de Madagascar. Le même cas risque de survenir si les lémuriens disparaissent. « Les primates contribuent, comme les oiseaux, au maintien de l'intégrité de la forêt et sa composition. À cause de la disparition du gorille, une espèces de plante est actuellement en phase de disparaître dans plusieurs pays africains », souligne Jonah Ratsimbazafy.
Il dénonce ainsi les critiques émises sur l'importance accordée aux lémuriens plus qu’aux hommes. « Détruisez la forêt et encouragez encore la chasse aux lémuriens, et vous allez voir les conséquences », s'est-il indigné. Une mise en garde après le constat de ravage du cryptoprocta ferox ou fosa sur les volailles dans les villages aux alentours des forêts. « Le fosa ne trouve plus de lémuriens à manger, aussi il attaquent désormais les basses-cours », a conclu le primatologue.
Vonjy Radasimalala
Samedi 17 août 2013
L’Express