Marché du riz: A risques pour la prochaine soudure

Publié le par Alain GYRE

Marché du riz: A risques pour la prochaine soudure       

Lundi, 12 Mai 2014

Les conditions météorologiques dans divers pays et les tensions politiques dans la région de la mer Noire ont rendu les marchés alimentaires plus volatils, selon le dernier rapport de la FAO intitulé « Perspectives de l’alimentation » pour 2014-2015.

 

Comme quoi, il pourrait être difficile de gérer les prix, du moins pour cette année et surtout pour la prochaine soudure 2014-2015. En effet, les prix du riz pour la prochaine soudure pourraient subir les répercussions de cette volatilité des prix à l’international dans la mesure où Madagascar importe en moyenne 200 000 à 250 000 tonnes de riz par an. La volatilité des prix est liée à la probable baisse de la production de riz en 2014, en particulier en Asie. En Thaïlande, un repli des prix à la production pourrait occasionner une contraction des semis et de la production de riz. Vendredi dernier, une députée a presque revendiqué dans une totale inconscience de subventionner les prix des PPN dont ceux du riz. Mais si on subventionne le riz importé, comme l’a presque demandée cette parlementaire, ce sera au détriment des paysans. Certes, les consommateurs, surtout ceux des centres urbains en sortiront gagnants mais l’économie rurale composée essentiellement de la riziculture en souffrira.

 

Jusqu’ici pourtant, la pauvreté est plus accentuée en milieu rural que dans les villes et près de 3/4 de la population active sont encore des ruraux. C’est dire l’importante masse de population qui se trouvera en difficulté si on subventionne le riz importé à tort et à travers. La subvention n’est pas une mauvaise politique dans le domaine agricole, si elle finance la production. C’était le cas pour la période de contre-saison de 2008 lorsque le FMI et la Banque mondiale ont exceptionnellement subventionné l’engrais et les semences. C’était par crainte que le pays ne soit atteint par la crise alimentaire mondiale de l’époque. Les résultats de ces subventions ont été spectaculaires. Si le gouvernement d’alors a tablé sur une superficie de 70 500 ha, le riz de contre-saison s’est étalé sur 280 000 ha, alors que le rendement moyen a été de 6t/ha, contre une moyenne nationale en-dessous de 3 tonnes. La production de contre-saison 2008 a été donc de 828 000 tonnes de paddy, ou 7% de la production totale. Ce qui a donné 200 000 tonnes de riz blanc, soit l’équivalent en importations annuelles du pays.

 

Cela signifie que la subvention n’est pas toujours cet outil abhorré par les bailleurs de fonds traditionnels. Elle peut donner de très bons résultats si elle est bien conçue parce que du côté des services financiers, elle peut détruire les efforts durement acquis pour inculquer la culture du crédit. En fait, la subvention ne devrait pas se traduire par l’accès gratuit aux intrants, des matériels… Sinon, elle pourrait nuire au développement des finances rurales.

 

Fanjanarivo

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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