Notes du passé: Le mariage sous toutes ses formes

Publié le par Alain GYRE

Le mariage sous toutes ses formes

05.05.2017 Notes du passé

 

Le « Fanambadiana » (mariage légitime) à Madagascar se célèbre en général, sans aucune cérémonie religieuse.

Comme le simplifie Barthélémy Huet de Froberville dans son manuscrit  (Le grand dictionnaire de Madagascar, 1847), le garçon fait le choix de son épouse. Si la fille est consentante, cet accord mutuel est toujours approuvé par leurs parents. Ceux de la jeune fille arrangent alors la dot que le mari doit offrir « en échange » de cette dernière. « La richesse de la famille du garçon décide de la valeur du don qui se fait ordinairement en esclaves et en bœufs. »

Si, par la suite, le mari vient à répudier sa femme, elle a le droit de garder la dot qu’elle a reçue de lui. Par contre, si c’est elle qui rompt le mariage, elle est dans l’obligation de la rendre. Cette procédure étant, chacun est libre de se remarier.

Ainsi, du temps de Flacourt, il est dans les mœurs, dans le Sud, que les femmes divorcées ne peuvent convoler en nouvelles noces sans le consentement de son ex-mari. « Ce consentement n’avait jamais lieu qu’il n’eut été remboursé du douaire qu’il avait payé au père ou à la famille de sa femme, lorsqu’il l’avait prise en mariage. » Plus tard, quoique divorcée, si elle vient à avoir des enfants d’un autre homme, ceux-ci sont toujours censés lui appartenir.

La polygamie est aussi une coutume maritale assez répandue. Dans le Nord, cependant, seuls les grands chefs usent de ce droit, car l’entretien des femmes sur un même pied d’égalité coute cher. Mais ils mettent un certain orgueil à en entretenir un grand nombre.

En tout cas, partout dans la Grande ile, et quel que soit leur nombre, il y en a toujours une qui est la première en titre et qui se distingue des autres par le nom significatif de « vadibe » (grande ou première épouse). Les autres sont d’un rang inférieur vis-à-vis de la société, sans pour autant être subordonnée à la première qui n’a rien à leur commander.

« Cette espèce de liberté produit entre elles des inimitiés et des jalousies dont le mari s’amuse. Aussi, quand il augmente le nombre de ses femmes, dit-il plaisamment qu’il mampirafy, c’est-à-dire qu’il vient de faire des ennemies (des rivales), car rafy est le nom ordinaire par lequel elles se désignent entre elles. » Le nom des deuxièmes femmes est « vady masay ».

Selon Rondaux, l’enfant né de la première femme est le seul héritier. En outre, les « vadibe » sont très respectées et « doivent l’être des Européens qui s’exposeraient à de grands procès et à des dédommagements considérables s’ils manquaient en quoi que ce soit à la considération qui leur est due ».

De Froberville remarque qu’aucun des voyageurs, « tant anciens que modernes », ne fait mention des cérémonies particulières qui se pratiquent dans la célébration du mariage de la « vadibe ».

Cependant, Dumaine dans son Voyage à Anaïe affirme que les époux se tiennent par serment. « J’ai vu, dit-il, pendant mon séjour à Fiadane jusqu’où va le pouvoir d’un mari Bezounzoun sur sa femme, quand les deux époux sont liés par serment. »

Et il raconte : « Une femme, abandonnée depuis plus d’un an par son mari, qui lui avait remis 20 piastres de dot, vivait avec un de mes compagnons de voyage qui l’avait obtenue de sa mère. » La chose étant connue dans le village du mari, parents et amis se sont réunis, puis au nombre de soixante, se rendent à Fiadanana pour intenter un procès à la belle-mère. Celle-ci est condamnée à cinq bœufs d’amende. « L’affaire a été conclue et l’amende payée sans même que mon compagnon de voyage ait été nommé. » Satisfait du jugement, le mari se retire avec son monde, et sa femme « a continué de vivre sans trouble parmi nous ».

Chez les Bezanozano, des voyageurs- malgaches ou étrangers- peuvent acheter des « filles à la mamelle » pour devenir leurs épouses. Ils donnent de l’argent aux parents pour qu’ils les leur réservent. Cette somme constitue un engagement solennel, auquel nul ne peut manquer sans s’exposer à de grands dédommagements.

« Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le nombre de ces femmes n’est point limité, qu’on peut en prendre tant qu’on veut et qu’on peut les céder à d’autres si les circonstances ne permettent pas qu’on retourne dans le pays. »

 

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Archives personnelles

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