Océanographie: Le lagon de Tuléar décrypté

Publié le par Alain GYRE

Océanographie: Le lagon de Tuléar décrypté                   

Lundi, 21 Juillet 2014

 

Les travaux d’océanographes français et malgaches révèlent les mécanismes subtils de circulation de l’eau dans le lagon de Tuléar. Cette connaissance est précieuse pour gérer et préserver ce milieu exceptionnel.

 

Flux, reflux, tous les mouvements d’eau sont désormais comptés dans le lagon de Tuléar. Un modèle inédit, mis au point par des chercheurs de l’unité  Institut méditerranéen d’océanologie(MIO) de l’IRD et leurs collègues malgaches de l’Institut d’halieutique et des sciences marines de l’Université de Tuléar, permet pour la première fois de quantifier les échanges liquides au-dessus de la barrière de corail. « La richesse en nutriments d’un lagon est directement liée à l’origine des eaux qui l’alimentent, explique l’océanographe Cristèle Chevalier.

 

La connaissance précise de la circulation des eaux aide ainsi à en appréhender la productivité et, ce faisant, à prédire sa capacité à récupérer un fonctionnement normal après avoir subi une perturbation. »

 

Le lagon de Tuléar, au sud-ouest de Madagascar, est de faible superficie, avec seulement 400 km2, et une profondeur moyenne de 8 m. Il est limité par une barrière récifale parallèle à la côte de 17 km de long et de 1,5 à 4 km de large – parmi les plus importantes de l’océan Indien – tour à tour submergée et partiellement exondée au gré des marées.

 

Véritable hot spot de la biodiversité, il est soumis depuis quelques années, à un stress lié à l’intensification des activités humaines. « Sous l’effet des pluies diluviennes accompagnant les dépressions cycloniques épisodiques et du développement de l’agglomération de Tuléar, le lagon reçoit d’abondants apports terrigènes et subit une forte pression anthropique, explique l’océanographe Christian Ralijaona. La connaissance de l’hydrodynamisme permet d’appréhender les processus d’accumulation et d’évacuation des différentes particules et, in fine, de mieux gérer la ressource. »

 

Pour ce faire, les scientifiques français et malgaches sont parvenus à calculer le flux d’eau franchissant à tout moment la barrière récifale. Ils se sont appuyés, pour mettre au point cette technique, sur les données issues de plusieurs campagnes de surveillance des courants au sein du lagon, menées durant deux ans et sur celles de modèles de marées et de houle. En l’occurrence, la formule utilise un paramètre de houle significative, élaboré par l’Ifremer sous le nom de

 

Wavewatch III, et qui s’applique bien au lagon de Tuléar. La méthode pourrait même être transposée à tout autre lagon présentant des caractéristiques géographiques comparables.

 

« Les mouvements de masses d’eaux mis au jour par cette étude sont d’une importance considérable, témoignant d’une capacité insoupçonnée du lagon à se régénérer », révèle Cristèle Chevalier.

 

D’importants flux dus à la houle franchissent le récif et rentrent dans le lagon.

 

En saison sèche, l’équivalent du volume du lagon peut être renouvelé en seulement 4 jours par ces apports océaniques.

 

En parallèle, en période de vives eaux – tous les 15 jours –, l’équivalent du tiers des eaux du lagon entre et sort par les passes à chaque marée. Ces travaux mettent également en évidence les mécanismes d’autorégulation du niveau de la barrière récifale accompagnant et régulant la circulation des eaux. « Plus le récif est immergé, plus il reçoit d’apports océaniques favorables aux coraux qui le composent, qui se développent alors.

 

À l’inverse, plus la barrière est exondée, moins les conditions de croissance des coraux sont favorables et moins le récif se développe », conclut la chercheuse.

 

Source :

 

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 74 - avril/mai/juin 2014

La Gazette

Publié dans Revue de presse

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