Poème: "Voici celle dont les yeux sont des prismes de sommeil" Jean-Joseph Rabearivelo

Publié le par Alain GYRE

 

Voici celle dont les yeux sont des prismes de sommeil

et dont les paupières sont lourdes de rêves,

celle dont les pieds sont enfoncés dans la mer

et dont les mains gluantes en sortent,

pleines de coraux et de blocs de sel étincelants.

 

Elle les mettra en petits tas près d’un golfe de brouillard

et les débitera à des marins nus

auxquels on a coupé la langue,

jusqu’à ce que tombe la pluie.

 

Elle ne sera plus alors visible,

et l’on ne verra plus

que sa chevelure dispersée par le vent,

comme une pelote d’algues qui se dévide,

et peut-être aussi des grains de sel insipide.

 

 

Inty ilay manana maso toa vato-miridana torimaso

sy hodimaso mavesatra nofy,

ilay manana tongotra milentika any an-dranomasina

sy tànana madity mivoaka avy any,

feno voahangy sy vongan-tsira mamiratra.

 

Hatsitokotokony eo ankilan-tanjon-javona ireny

ary ho tsinjarainy amin-piantsambo mitanjaka

notapahin-dela,

mandra-pihavin’ny orana.

 

Dia tsy ho hita intsony iny

ary tsy hisy ho tazana

afa-tsy ny volony aparitaky ny rivotra

toa tonga kiborim-bolonkotona miantsody

ary angamba koa voan-tsira matsatso.

 

 

Jean-Joseph Rabearivelo

 

Traduit de La Nuit

 

Nadika tamin’Ny Alina

Editions Tsipika

 

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