Notes du Passé: Le Fandroana ou la victoire de l’homme sur la mort

Publié le par Alain GYRE

Le Fandroana ou la victoire de l’homme sur la mort

05.04.2016 Notes du passé

Notes du Passé: Le Fandroana ou la victoire de l’homme sur la mort

05.04.2016 Notes du passé

Introduite avec d’autres éléments culturels d’origine arabe et pratiquée dans la famille de Rangita, la circoncision est transmise à d’autres groupes, notamment les Anteroka, sous le règne d’Andriamanelo (« Histoire des Rois », traduction des « Tantara ny Andriana » du Père Callet). De cette origine semble venir le rôle particulier joué par la famille royale et le roi, tout spécialement dans la pratique de la coutume.

D’après G. Lejamble, les différents rites observés à cette occasion se dispersent au cours de l’histoire, « mais il semble que l’essentiel était déjà en place à l’époque d’Andriamanelo ».

C’est ainsi qu’il est décidé que les Anteroka béniraient les enfants royaux à circoncire ; que la circoncision se ferait de manière collective tous les sept ans à une époque déterminée par le roi ; qu’elle serait précédée d’une ordalie générale au tanguin, elle-même précédée de l’offrande du « hasina » et des prestations de serment au souverain par la population.

L’ordalie a pour but d’éliminer les faiseurs de malédictions et autres jeteurs de mauvais sort. Le tanguin est, rappelons-le, une noix toxique venant des régions chaudes et utilisée dès l’époque des Vazimba, mais sur des poulets qui représentent alors les individus suspectés ou visés.

Les familles qui procèdent à la circoncision, paient une taxe variable en fonction du rang social, versée soit au roi soit partagée entre celui-ci et le seigneur selon qu’elles résident dans le domaine royal (menabe) ou une seigneurie (menakely).

Lorsque les circoncisions sont terminées, le roi fait une action de grâce collective. À cette occasion, les sujets convoqués paient encore une taxe au souverain ou au seigneur. « La circoncision apparait ainsi comme une coutume privée, organisée et dirigée par le souverain, donc étroitement liée au pouvoir royal. »

Il en est de même du Fandroana, Bain royal, fête coutumière dans laquelle le roi « est à la fois l’acteur principal et le bénéficiaire des cérémonies » (A. Delivré). Alors que la circoncision ne concerne que les garçons et leur destin individuel, le Fandroana touche l’ensemble de la collectivité et « symbolise le renouveau de la vie à l’occasion du Nouvel An lunaire. Il est la victoire de la société sur le temps et donc celle de l’homme sur la mort ».

Comme d’autres évènements publics, circoncision, deuil du souverain, le Bain royal a un caractère binaire : conjuration des forces du mal avant le Bain, renouveau de la société et de la nature après le Bain. Et surtout, « le Fandroana est un évènement cosmique marqué par la date de sa célébration ».

L’origine du Fandroana n’est pas déterminée, probablement antérieure à Ralambo.

G. Lejamble estime que celui-ci ne fait qu’y incorporer le sacrifice des bœufs et en faire une cérémonie officielle.

C’est le roi qui annonce l’approche de la fête. Cinq jours avant le Nouvel An, premier jour du mois d’Alahamady, on ne peut plus tuer aucun animal, à l’exception des volailles. L’avant-veille de la cérémonie, le roi sacrifie un coq rouge et le lendemain, sa famille remplace les nattes des Tranomasina, petites maisons de bois construites sur les tombeaux royaux et ceux de certains nobles.

Cette journée se termine par le Bain du souverain qui est « considéré comme la dernière purification de l’année ». Aussitôt, il proclame « Que je sois sanctifié ! ». La seconde partie de la fête peut alors commencer par le repas en commun composé de riz, de miel et de « jaka », viande confite dans la graisse et conservée du Fandroana précédent. « Ce repas peut être interprété comme un commun du peuple autour du roi. »

Le jour de l’An lunaire et les jours suivants sont consacrés aux réjouissances marquées par le sacrifice de bœufs, les jeux de joie, les visites réciproques. « Des fêtes de ce genre sont pratiqués dans chaque foyer y compris le bain réduit à une simple aspersion d’eau consacrée. »

Pour écrire son étude, G. Lejamble se réfère aux « Tantara ny Andriana », tomes II et IV, du père Callet; « Rainilaiarivony, un homme d’État malgache » de Chapus et Mondain ; « Histoire des Rois » (traduction de l’ouvrage de Callet) de Chapus et Ratsimba ; « Interprétation d’une tradition orale» d’Alain Delivré» ; « Tradition orale et histoire » de Fred Ramiandrisoa, une thèse pour le doctorat du 3e cycle d’histoire…

Pela Ravalitera

http://www.lexpressmada.com/

Publié dans Histoire, Notes du passé

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