Korea, le perroquet et les mangeuses-de-choses-vertes

Publié le par Alain GYRE

Koera, le perroquet et les Mangeuses-de-choses-vertes.

 

            Autrefois Koera, le perroquet, avait un joli petit bec tout droit et très fin. Il pouvait s’en servir pour piquer des sauterelles, dans l’herbe.il les trouvait très bonnes, ces Mangeuses-de-choses-vertes ; lorsqu’il en avait assez mangé, il en faisait encore des provisions pour les autres jours.

            Mais cela ne pouvait plus continuer. Les sauterelles sont des personnes très décidées, et elles n’aiment pas du tout être piquées dans l’herbe, même par un joli bec fin. Un jour donc, elles se mettent en colère (on les comprend !), et elles décident de se réunir contre leur ennemi. En grand secret, la tribu des valalas prépare un plan de guerre.

            Un matin, Koera rentre chez lui sans provisions : il n’a rencontré aucune sauterelle. Le lendemain, il n’a pas plus de chance. Les Mangeuses-de-choses-vertes ont disparu. Le perroquet a très faim : il commence à avaler ses provisions.

Des jours passent encore, et Koera rentre chaque jour le ventre vide. Les provisions commencent à manquer ; elles manquent si bien qu’il n’a bientôt plus une seule sauterelle sèche à se mettre sous la dent.

« Qui dort dîne », dit-on. Il serait plus vrai de dire « qui n’a pas dîné ne dort pas ». le perroquet commence à le savoir, car il ne peut fermer l’œil de la nuit.

Au petit jour, il décide de sortir une dernière fois. Très faible, il marche lentement et vole lourdement, puis enfin reste en boule, à moitié endormi sur une branche.

Un drôle de bruit le réveille : « Bzzzzzz !...  Czzzzzz !... Bzzzzzz !... Czzzzzz ! », entend-il autour de lui.

-J’ai les oreilles qui sifflent, pense le perroquet. C’est la faim qui me fait cela. Fermons les yeux, essayons de dormir.

-Bzzzzzz !... Czzzzzz !... Bzzzzzz !...

Koera ouvre encore les yeux, car ce bruit l’énerve. Il veut changer de place, en espérant qu’ainsi il va s’arrêter ; mais alors, tout étonné, il s’aperçoit qu’il fait très sombre et qu’il ne peut savoir où il est.

-Voilà que je n’y vois plus, maintenant. C’est encore mon pauvre ventre vide qui me fait cela. Il a trop faim. Il y a si longtemps que je ne lui ai rien donné à manger…

Mais le ciel paraît couvert de nuages très épais. On dirait qu’une brume cache l’horizon. Ces nuages passent sans arrêt devant ses yeux. Ils semblent vivants, Koera les sent, il est même piqué ! Des gouttes paraissent tomber et le frapper comme des pierres.

-Horreur ! Mais ce sont des sauterelles, crie-t-il, car il vient de les reconnaître.

En effet, ce sont des dizaines de sauterelles, des centaines, des milliers de sauterelles qui tournent autour de lui. Sans cesse elles reviennent sur lui, le frappent et l’assomment. Koera essaie de cacher sa tête sous son aile, mais ses ennemies ne lui laissent aucun repos. Elles le chassent de tous côtés. Pour leur échapper, il saute de place en place, de branche en branche. Mais bientôt, trop faible pour se défendre, sans force, il reste sans bouger au pied d’un arbre.

Alors toutes les sauterelles se jettent sur le perroquet, mais avant tout, elles tombent sur son bec, l’une après l’autre, sur ce joli bec, comme des balles de fusil, et pan, pan ! pan ! et de plus en plus vite. Il entend ce bruit de leurs pattes si dures, et découpées comme des dents de scie : Bzzzzzz… Czzzzzz… Bzzzzzz…

L’oiseau tombe enfin, presque mort, et l’armée de la tribu des Valalas se retire en bon ordre après avoir si bien gagné sa guerre.

 

Quelques heures après, la nuit fraîche réveille Koera. Il pense avoir rêvé : tout est si calme… Mais pourquoi a-t-il autant mal ? il peut à peine aller jusqu’à la source. Il ouvre son bec pour boire un peu d’eau : il souffre. Un rayon de lune éclaire la source qui devient un miroir. Koera voit son image mais il ne se reconnaît pas d’abord… et se demande quel est cet animal si laid avec cette espèce de corne épaisse et cassée entre ses yeux…

Mais il faut bien s’en rendre compte : le joli bec, si fin, si droit, si pointu est devenu cette horreur !

Koera ne pourra plus jamais piquer dans l’herbe les sauterelles si bonnes : il devra se contenter de graines ou de noyaux faciles à casser. Les Mangeuses-de-choses-vertes sen sont bien vengées.

 

 

 

Répondons aux questions :

 

Comment était le bec du perroquet autrefois ?

Comment est-il aujourd’hui ?

Qui l’a cassé ? Pourquoi ?

Pourquoi Koera ne trouve-t-il plus de sauterelles tout à coup ?

Que devient-il, sans manger ?

Quel est le bruit qu’il entend ? Celui de ses oreilles ?

Pourquoi fait-il très sombre ?

Où tombent les sauterelles ?

Que pourra manger Koera après ce qui lui est arrivé ?

 

 

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