Conte: Pourquoi les chats détestent les souris

Publié le par Alain GYRE

Pourquoi les chats détestent les souris

 

Pourquoi les chats détestent les souris

Vous avez sans doute remarqué que les chats aiment manger de l’herbe, de temps en temps. C’est un lointain souvenir d’une lointaine époque, un temps où tout comme les souris, les chats se régalaient de graines, de légumes et de toutes sortes de végétaux.

L’époque lointaine où les chats étaient végétariens, et avaient des dents plates et inoffensives, comme les zébus.

Jadis les chats et les souris étaient d’assez bons amis, mais les souris, quoique très petites, se croyaient beaucoup plus intelligentes que les chats, auxquels elles jouaient de vilains tours quand elles en avaient l’occasion. En voici un exemple: Voyant que le chat aimait se prélasser près du feu, la souris son amie lui dit un jour :

« C’est drôle ! Vous autres chats vous aimez vous tenir bien au chaud tout près du feu au point de vous griller les moustaches. Nous autres souris nous connaissons les secrets qui nous protègent de la flamme, et même qui la rendent inoffensive. Nous ne nous brûlons jamais !... »

« Comment est-ce possible ? Tu te moques encore de moi » dit le chat.

« Moi ? Me moquer de toi ? Jamais !... D’ailleurs, si tu veux, je peux te le prouver. »

« Et crois-tu pouvoir me faire partager ce secret ? » demanda le chat.

« Peut-être...peut-être bien ! Essayons si tu veux... Mais le résultat n’est pas garanti ! »

La souris demanda alors au chat d’apporter un fagot de petit bois. Elle se coucha alors, à proximité d’un petit trou invisible entre deux dalles et demanda au chat de la recouvrir de bois.

« Il en faut beaucoup dit-elle. N’aie pas peur d’en mettre un plus gros tas. »

Quand il y eut assez de bois et de paille, la souris se cacha dans le trou sous le dallage, bien à l’abri et dit au chat d’allumer le feu. Ce qu’il fit. Quand le feu fut bien pris, il demanda un peu inquiet :

« Et comment vas-tu dans ce feu ? Le supportes-tu ? Réponds-moi, je t’en prie ! »

« Parfaitement, parfaitement, dit la souris d’une voix toujours aussi tranquille. Il fait aussi bon qu’en été sur la plage. Peut-être même un peu moins chaud... »

Puis le feu s’éteignit tout doucement. La souris jaillit alors des cendres et s’assit près du chat.

« Tu vois que ce n’est pas bien sorcier : il suffit de connaître quelques formules magiques et le tour est joué : tu es protégé. »

« Je voudrais bien essayer. » dit le chat.

La souris fit semblant de se faire prier, puis céda.

« Essayons alors, puisque tu y tiens ! » Et le chat se coucha sur les dalles. La souris empila sur lui un bon nombre de brindilles et de bûchettes, au point de le recouvrir complètement.

« Je vais réciter la formule magique et mettre le feu aux brindilles. Préparons-nous ! »

Le chat retint son souffle. La souris psalmodia quelques formules de son invention.

« Chtalabata, lafinsinga, chtala batéo . »

Mais elle ne mit pas encore le feu aux brindilles.

« Ca va ? » demanda la souris.

« Très bien. Tu as allumé le feu ? »

« Bien sûr ! » répondit la souris.

« C’est formidable ! dit le chat. Je ne sens rien, même pas la fumée ! »

La souris mit alors le feu en plusieurs points tout autour du chat.

« Ca va ? » demanda la souris.

« Ca va, mais ça chauffe quand même un petit peu trop » répéta le chat dont les moustaches commençaient à roussir sérieusement.

« Répète un peu tes formules magiques, mon amie. Ca ne marche pas très bien : Dis-donc, je commence à cuire là-dedans ! »

Mais la souris était déjà partie en se tordant de rire. Le chat sauta comme un diable hors du brasier : ses moustaches avaient brûlé entièrement, ses oreilles étaient à demi carbonisées et sa queue avait perdu toute sa fourrure.

« Où es-tu ? Où es-tu ? » Criait le chat furieux.

La souris ne pouvait répondre tant elle riait, pliée en deux hors de portée. Mais c’est depuis ce temps-là que chats et souris ne s’entendent plus du tout. Au point que les chats ont fait des souris leur plat favori, que des dents pointues leur ont poussé et qu’ils sont devenus définitivement carnivores depuis cette époque...

Graines de bitume, enfants de la rue, Tana

Mokana, orphelinat à Fianarantsoa

Recueillis par Jean-Claude Remy. http://www.jeanclauderemy.fr/

Publié dans Contes, Contes sur la toile

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