Conte: Antsaly

Antsaly
Un vieux troubadour, qui n’avait plus toute sa tête est là. On entend le bruit de la mer et il nous raconte ses voyages avec mélancolie. C’était au siècle dernier et je m’en souviens très bien ; de mon frère qui était fasciné en lui demandant : c’est vous qui avez composé telle et telle chanson?
Les gens comme lui tombent dans l’oubli même si ses chansons se font découvrir par les plus jeunes, encore et toujours.
Peut-être, savait-il que sa fin était proche mais il nous a raconté cette histoire.
Dans la province d’Odag, il y avait un oiseau chanteur nommé Antsaly. Il demanda une progéniture aux dieux parce qu’il devenait vieux et les dieux lui accordèrent un petit d’Antsaly.
Ce petit était sa fierté, son trésor et il le gardait avec jalousie. Ainsi, il chantait des chansons à son petit et celui-ci répondait avec des chansons:
- Cui-cui, où est le petit d’Antsaly?
- Cui-cui, il est dans son nid
- Cui-cui,que fait le petit d’Antsaly?
- Cui-cui,il attend l’Antsaly pour le diner
…
Un jour Trimo, l’ogre passa par là, affamé. Il entend alors le petit d’Antsaly chantonner dans le nid et l’attrape pour le manger. Le petit d’Antsaly chante alors une nouvelle chanson :
Il voit le petit d’Antsaly, cui-cui,
Il attrape le petit d’Antsaly, cui-cui,
Il cache le petit d’Antsaly, cui-cui,
Il s’enfuit avec le petit d’Antsaly, cui-cui, cui-cui
Trimo semble un peu troublé par la chanson mais n’écoutant que sa faim il continue sa besogne. Et au petit d’Antsaly de continuer :
Cui-cui, il plume le petit d’Antsaly
Cui-cuit le petit d’Antsaly,
Il mange le petit d’Antsaly, cui-cui,
L’Antsaly arrive au nid et comme d’habitude commence sa rengaine
-Cui-cui, où est le petit d’Antsaly?
- …
-Cui-cui, où est le petit d’Antsaly?
- …
- Cui-cui?
Affolé, il découvre le nid vide et parcoure le pays d’Odag en continuant de chanter:
-Cui-cui, où est le petit d’Antsaly?
-Cui-cui, où est le petit d’Antsaly?
-Cui-cui, où est le petit d’Antsaly?
Quand soudain il entend par une fenêtre entrebâillée une chanson nouvelle :
Cui-cui, il a vu le petit d’Antsaly
Cui-cui, il a attrapé le petit d’Antsaly
Cui-cui, il a caché le petit d’Antsaly
Cui-cui, il s’est enfui avec le petit d’Antsaly
Cui-cui, il a plumé le petit d’Antsaly
Cui-cui, il a cuit le petit d’Antsaly
Cui-cui, il a mangé le petit d’Antsaly…
Cui-cui, il a maintenant le petit d’Antsaly dans le ventre
Reconnaissant sans nul doute son petit, l’Antsaly entre et surprend Trimo dans sa sieste avec le ventre qui gazouille encore du chant du petit d’Antsaly. Antsaly lui ouvre le ventre avec son bec et libère le petit d’Antsaly.
- Cui-cui, où est le petit d’Antsaly?
- Cui-cui, il rentre dans son nid
Le vieux monsieur conclut son histoire par « tsy maty tsy akory ny zanak’Antsaly » – « Le petit d’Antsaly ne meurt pas » :
pour dire (si quelqu’un n’a pas compris) que le flambeau ne s’éteint jamais tant que nos fils veulent bien le reprendre.
Contes d’Odag
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