Conte: Les voleurs

Publié le par Alain GYRE

 

Les voleurs

Fabliau Betsimisaraka

Recueilli à Mananara (province de Mavoantsetra).

 

Il y avait dans une famille quatre enfants, dont deux étaient des garçons et deux des filles.

Trois d'entre eux, lorsqu’ils furent grands, devinrent très riches : seule l’une des deux filles resta pauvre. Celle-là n’était pas aimée de ses frères et sœurs; elle était si misérable qu'elle ne pouvait même pas se procurer de vêtements et elle ramassait les haillons jetés par ses frères.

Ceux-ci du reste ne l'aidaient en rien.

Au bout de quelques années, la pauvre femme eut un petit garçon. Quand il fut grandelet, sa mère lui dit :

« Tu vois, mon enfant, combien nous sommes pauvres; dans notre famille personne ne nous aime. 11 faut aller à la forêt pour travailler et tâcher de gagner notre vie. »

Le petit répondit :

« Je crois, maman, qu'il vaut mieux rester ici, car dans la forêt il y a des bêtes malfaisantes et des brigands. »

Ils partirent cependant le lendemain matin au petit jour.

En route, ils rencontrèrent trois voleurs qui venaient de dérober trois cents piastres.

« Où allez-vous ? » demandèrent-ils.

Et comme la mère et l’enfant ne répondaient rien, ils les emmenèrent avec eux comme esclaves. Arrivés dans leur case, ils dirent à la femme de faire cuire du riz.

Or l’un des brigands mit du poison dans le riz, de façon à empoisonner ses deux camarades et à rester maître de tout l’argent.

De son côté, un autre des brigands, pour s'approprier la somme, résolut d’appeler l’un de ses camarades et de l’attirer dans un endroit désert pour l’assassiner. II s'adressa précisément à celui qui avait mis du poison dans le riz ; il l’entraîna à une certaine distance sous un prétexte quelconque et le tua ; en revenant, il se disait :

« J'en ai fini avec celui-là; maintenant tout l’argent nous appartiendra à moi et à mon frère qui est en train de surveiller les deux esclaves. »

De retour à la case, il ordonna aux esclaves de servir le riz, que les deux brigands se mirent à manger. Bientôt ils sentirent d’atroces douleurs dans l’estomac, et ils ne tardèrent pas à succomber.

Quand ils furent morts, les deux esclaves prirent l’argent et ramassèrent en plus tout ce que possédaient les brigands.

Ils revinrent dans leur village, beaucoup plus riches que leurs parents.

 

Contes de Madagascar

Charles RENEL

 

 

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