Conte: Sire-Dernier-Né, le Piégeur Indriamparalahy ampamandriki

Publié le par Alain GYRE

Sire-Dernier-Né, le Piégeur

Indriamparalahy ampamandriki

 

Il était une fois, dit-on, un homme du nom de Sire-Dernier-Né. C’était un grand piégeur, capable d’exterminer les animaux de toute la vallée, d’anéantir les bêtes de toute la l montagne. Là où il tendait ses pièges, aucune bête ne vivait plus, à commencer par les hérissons, les tanrecs, tous les animaux qui marchent à quatre pattes sur terre, il les capturait tous avec ses pièges.

            Et voilà qu’un jour, son piège captura un petit animal, qui était le petit de l’Antsômbo. Il était pris à un lacet par le petit doigt. Et voilà Sire-Dernier-Né bien étonné quand il vient le matin relever ses pièges.

Tous ses pièges étaient détendus, sauf un, celui qui avait retenu par le petit doigt le petit de l’Antsômbo. Il en était bien étonné, et bien effrayé. Il allait relâcher le petit animal, retenu par le petit doigt, mais celui-ci lui dit :

- Non, ne me relâche pas, mais fais de moi à ta volonté, et emporte-moi, que ce soit mort, ou que ce soit vif.

            Dit le petit de l’Antsômbo à Sire-Dernier-Né.

- Si c’est comme ça, tu me fais peur, lui répondit Sire-Dernier-Né, et je vais te tuer.

            Et il tua le petit de l’Antsômbo. Quand il l’eut tué, il détacha la corde du petit doigt de petit de l’Antsômbo, il la détacha à demi pour pouvoir le porter sur son doq. Et comme il allait le mettre sur son dos, l’animal se mit à chanter :

            - Il le portera ah ! Il le portera ah !

            Sire-Dernier-Né, il le portera ah !

            Il portera sur le dos le petit de l’Antsômbo,

            Le fruit de sa chasse !

            Il l’emporta. Il l’emporta jusqu’à ce qu’il arrive chez lui. En arrivant chez lui, il fit du feu, pour brûler le poil de l’animal. Une fois le feu rallumé, comme il s’apprêtait à lui brûler les poils, l’animal chanta encore :

            - Il le brûlera ah ! Il le brûlera ah !

            Sire-Dernier-Né, il le brûlera ah !

            Il brûlera le petit de l’Antsômbo,

            Le fruit de sa chasse !

- Eh bien oui, dit-il, ce que mon piège l’a pris, je le brûle ! Je voulais te laisser, mais tu m’as dit de t’emmener, alors je t’ai emmené. Maintenant je vais te brûler.

            Il lui brûla les poils. Une fois les poils brûlés, il le vida. L’animal chanta encore :

            - Il le videra ah ! Il le videra ah !

            Sire-Dernier-Né, il le videra ah !

            Il videra le petit de l’Antsômbo,

            Le fruit de sa chasse !

            Et il le vida. Sa femme lui dit :

- Tu vas vraiment oser faire cuire un être qui chante ? Qui chante pendant qu’on est en train de le vider ?

- Je voulais le laisser, mais c’est lui qui m’a dit de l’emmener. Alors, qu’il dise tout ce que je lui fais ! je ne ferai que l’écouter.

            Une fois l’animal vidé, il le découpa, et une fois découpé, il jeta les morceaux dans la marmite.

            - Il le cuisinera ah ! Il le cuisinera ah !

            Sire-Dernier-Né, il le cuisinera ah !

            Il cuisinera le petit de l’Antsômbo,

            Le fruit de sa chasse !

            Il mit la marmite sur le foyer, il attisa le feu, et bientôt la marmite bouillit. Quand ce fut cuit,, il l’ôta du feu. Alors Sire-Dernier-Né fit cuire du riz ; et le riz cuit, il le servit.

            Alors sa femme et ses enfants sont partis se réfugier dans le grenier à riz. Sire-Dernier-Né a servi le riz, il a servi la viande du petit de l’Antsômbo. Et au moment où il allait manger l’animal, celui-ci chanta encore :

            - Il le mangera ah ! Il le mangera ah !

            Sire-Dernier-Né, il le mangera ah !

            Il mangera le petit de l’Antsômbo,

            Le fruit de sa chasse !

- Oui ! Je vais te manger. Je te mangerai tout mon soûl !

            Dit Sire-Dernier-Né. Et il mangea. Et ce qu’il ne put manger, il le remit dans la marmite. Il recouvrit bien le riz restant. Un peu plus tard, au moment de se coucher, Sire-Dernier-Né était là. Voilà la mère de l’Antsômbo qui demande :

            - Où est-il ? Où est-il ?

            Où est-il le petit de  l’Antsômbo ? est-il ?

            - Il est ici ! Il est ici, le petit de l’Antsômbo !

            Il est ici ! Il est dans le ventre de Sire-Dernier-Né !

            Le fruit de sa chasse !

            La mère entra dans la maison. Sire-Dernier-Né monta sur la claie, avec toujours l’animal dans son ventre. Arrivée là, la mère regarda partout, regarda les restes dans la marmite. Et elle demanda encore :

            - Où est-il ? Où est-il ?

            Où est-il le petit de  l’Antsômbo ? Où est-il ?

            - Il est ici ! Il est ici, le petit de l’Antsômbo !

            Il est ici ! Il est dans le ventre de Sire-Dernier-Né !

            Un instant après, la mère de l’Antsômbo sauta sur la claie. Ils se sont empoignés là et ils sont tombés sur le plancher. Elle a ouvert le ventre de Sire-Dernie-Né, elle a pris ce qu’il y avait dansson ventre, et ce qui était dans la marmite, puis elle a filé.

            Sire-Dernier-Né gisait là, raide mort. Alors que sa femme et ses enfants, dans le grenier, eux, ils n’avaient pas mangé du petit  l’Antsômbo. Elle a remporté (son petit).

Fulgence FANONY

L’Oiseau Grand-Tison

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Littérature orale Malgache

tome 1

L’Harmattan 

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