Conte: Jao et son oncle

Publié le par Alain GYRE

 

Jao et son oncle

 

Il était une fois, à ce qu’on dit, Oncle-de-Jao, et Jao, et puis sa tante. Ils demeurèrent ensemble pendant un certain temps. Et puis Oncle-de-Jao dit à Jao 

-Reste là Jao, je vais à Mananara. Tu resteras ici avec ta tante.

            Donc, Oncle-de-Jao  partit. Il s’en alla là-bas ! Et il y resta environ deux nuits. Jao et sa tante se couchent. Jao couche à la tête du foyer, tandis que sa tante se couche au milieu de la maison.

            Jao dit :

            - Approche-toi d'ici, ma tante, approche-toi d’ici !

            - Approche-toi d'ici, ma tante, approche-toi d’ici !

Voilà ce que Jao disait à sa tante. Et Tante-de-Jao a commencé à se rapprocher.

- Approche-toi d'ici, ma tante, approche-toi d’ici !

- Approche-toi d'ici, ma tante, approche-toi d’ici !

Et bientôt ils sont collés ! Alors, voilà ce qu’ils ont fait… Et bientôt les gens du village les ont surpris, à ce qu’on dit.

Oncle-de-Jao est revenu. Les gens dénoncent :

- Voilà, c’est ça, et puis encore ça…, Oncle-de-Jao, ce qui se passe ici, avec ta compagne. Ça n’est pas très clair !

            Alors, Oncle-Jao, dit :

-Reste là Jao, je vais à Mananara.

            Et en réalité, il n’est pas allé à Mananara, il voulait observer le comportement de Jao. Il a emporté son drap.

            Alors, la nuit, Jao et sa tante se sont couchés encore. Ils ont fait juste comme ça :

            - Approche-toi d'ici, ma tante, approche-toi d’ici !

- Approche-toi d'ici, ma tante, approche-toi d’ici !

Elle se rapproche. Et au moment où ils sont bien collés l’un contre l’autre, Oncle-de-Jao entre dans la maison :

- Hé toi Jao ?

- Oui, répond Jao ?

- Toi alors tu es fort, toi, Jao.

- Oui, pour être fort, je suis fort, mon oncle !

            Quand le jour se lève :

- Hé Jao, puisque tu es fort, va donc me chercher une branche d’Avalé-Tout-Blanc. (Et cette plante, que Jao devait aller lui chercher, elle a des épines.si on essaye de toucher à une de ces épines, on en meurt tout de suite. Il voulait l’envoyer chercher quelque chose d’impossible à avoir.)

            Jao y est allé :

- Ça, je peux l’avoir !

            En y allant il passe chez une vieille en contrebas du chemin. Il lui dit :

  - Mon oncle m’a envoyé chercher des branches d’Avalé-Tout-Blanc. Mais comment peut-on prendre cela ?

- N’aie pas peur lui répondit la vieille : coupe-les avec ton couteau et emmène-les en courant. Tu ne seras pas piqué par les épines.

            Il arrive là-bas.

- Ah ! C’est toi Jao ?

- Oui.

- Toi alors, tu es vraiment fort, Jao !

- Oui, pour être fort, je sis fort !

- Tu as pu avoir  une chose comme ça ?

- Oui,, je l’ai eue, dit Jao.

- Tu es vraiment fort, toi Jao.

- Oui, vraiment fort.

- Si tu es vraiment fort, va me chercher (…) un gâteau du miel des Abeilles-Rouges.

            Jao partit :

- Oui ! Je peux avoir ça.

(Et ce miel des Abeilles-Rouges, si on est piqué par ces abeilles-là, on en meurt, tout de suite.)

            Il passe encore chez la vieille en contrebas du chemin. Elle lui demande :

- Alors ?

- Il me fait prendre un gâteau du miel des Abeilles-Rouges, répond Jao.

- Tu arrives  d’ici en courant, et tu cueilles un gâteau, et tu l’emportes toujours en courant, et elles ne te piqueront pas.

            Jao a pris encore le gâteau de miel. Il l’a cueilli tout simplement, il l’a emporté, rt il est arrivé chez son oncle :

- Ah ! C’est toi Jao ?

- Oui.

- Toi alors, tu es vraiment fort, Jao !

- Oui, pour être fort, je suis fort !

- Eh bien, si tu es vraiment fort, va me prendre le Taureau Géant-des-Rivages.

(C’est-à-dire qu’il devait aller en quête du taureau-garou.)

- Oui ! Je peux avoir ça.

            Il passe encore chez la vieille en contrebas du chemin. Il lui demande :

- Comment fait-on pour attraper ce fameux Taureau Géant-des-Rivages ?

- Attention, Jao, ton oncle veut ta mort ! Une bête aussi dangereuse, il veut t’envoyer la chercher ? Alors que tu es encore petit comme ça ? Pourtant, tu l’auras. Creuse dans le son pourri, et ce que tu trouveras au fond, emporte-le, emporte-le là-bas.

            Jao part. et il voit les traces, les traces que la bête avait laissées il y a…, mettons un an. Juste une empreinte, comme  celle d’un danaha. Il marche encore, et il voit des traces d’il y a …, disons six mois ; on commençait à bien les distinguer. Il marche, marche, et il voit des traces d’il y a …, mettons trois mois : on les distinguait mieux. Il marche encore, il marche encore, et il voit des traces d’il y a…, disons trois jours. Oh là alors, il commence à avoir peur.

            Et qu’est-ce qu’il avait sur lui pour l’affronter ? Pas de couteau, rien, seulement du son pourri. C’était la seule arme sur laquelle il comptait. Il marche, et il voit les traces que l’animal avait laissées dans la matinée. Il marche, et il voit des traces dans lesquelles l’eau était encore trouble…

            Alors, l’animal est là devant lui, pareil à un sanglier. Et il s’avance pour le manger. Le garçon aussi s’avance vers lui, et une fois tout près, il lui lance le son pourri.

            Le monstre s’arrête.

- Je suis venu spécialement, lui dit le garçon, parce que mon oncle m’a envoyé pour te prendre. Voilà le but de mon voyage.

- Oui, répondit le monstre. Et qu’est-ce que tu préfères, de refaire le chemin que tu as fait à l’aller, ou de monter sur mon dos ?

- Oh, répond Jao, je veux monter sur ton dos.

            Et puis, il lui grimpe dessus, il s’installe bien en haut. Et à ce moment-là. L’animal part, avec la vitesse de la fumée. Ils filent sur les nuages.

- qu’est-ce que c’est, cette chose qui passe comme une fumée ? Ou bien est-ce que Jao aurait vraiment attrapé le monstre ?

            Voilà, les gens sont bien inquiets, ils vont se baigner pour éteindre le feu, les gens vont se baigner pour éteindre le feu.

- Oh ! Nous sommes perdus !

            Alors, il est bientôt arrivé tout près. Ah ! Les gens sont bien inquiets.

- Dis-lui de le renvoyer ! Peut-être qu’il t’aime encore, Oncle-de Jao ! Dis à Jao de le renvoyer, sinon nous sommes perdus. Peut-être qu’il t’aime encore !

            Alors Oncle-de-Jao appelle :

            - Renvoie le Taureau Géant-des-Rivages, ô Jao ! Dit ton oncle.

            Renvoie le Taureau Géant-des-Rivages, ô Jao ! Dit ton oncle.

            -  Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            Mon oncle m’a fait chercher la branche d’Avalé-Tout-Blanc,

            Et je suis encore là !

Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            Mon oncle m’a fait chercher le miel des Abeilles-Rouges,

            Et je suis encore là !

            Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            Mon oncle m’a fait chercher le Taureau Géant-des-Rivages,

            Et je suis encore là !

            Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            En garde, mon oncle !

            Tout le monde est bien inquiet, car Jao ne veut pas renvoyer son petit chevreau, qui est maintenant bien près.

- Oh, dis-lui de le renvoyer. Peut-être qu’il t’aime encore, Tante-de-Jao, dis-lui de le renvoyer.

            Alors, la tante appelle encore tout pareil :

            - Renvoie le Taureau Géant-des-Rivages, ô Jao ! Dit ton oncle.

            Renvoie le Taureau Géant-des-Rivages, ô Jao ! Dit ton oncle.

            -  Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            Mon oncle m’a fait chercher la branche d’Avalé-Tout-Blanc,

            Et je suis encore là !

Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            Mon oncle m’a fait chercher le miel des Abeilles-Rouges,

            Et je suis encore là !

            Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            Mon oncle m’a fait chercher le Taureau Géant-des-Rivages,

            Et je suis encore là !

            Je ne renvoie pas le Taureau Géant-des-Rivages,

            En garde, mon oncle !

            Tout le monde est bien inquiet ! Oh oui, les voilà bien inquiets, ils ne savent plus quoi faire. Bientôt l’animal se pose sur la maison. Une fois qu’il est monté sur la maison, Jao descend et va vers le village.

- Voilà, dit-il, je vous annonce que l’animal que vous m’avez dit d’aller chercher, maintenant il est ici. vous m’aviez dit d’aller le chercher, eh bien maintenant il est arrivé !

            Et Jao se tourne vers le monstre :

- Tout ce que tu veux leur faire, fais-le maintenant : ce sont cesgens-là qui m’ont dit d’aller te chercher.

            Alors, Jao met à l’écart la petite vieille qui lui avait indiqué la manière de ne pas se faire tuer, et aussi la femme qu’il aimait le mieux.

            Et puis…

- C’est celle-là que tu aimes le mieux ?

- Oui, dit Jao.

            Alors, le Taureau Géant-des-Rivages se jette sur les autres gens pour les dévorer. Tous veux que Jao n’avait pas mis à l’écart, il les mange, tous.

- Maintenant, dit Jao, tu peux retourner là d’où tu es venu, puisque tu as fini ce pour quoi ils t’avaient appelé : tu les as tous mangés.

 

            L’histoire se termine là.

 

 

Fulgence FANONY

Le tambour de l’ogre

Littérature orale Malgache

tome 2

L’Harmattan 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article