poemes malgaches

Voici celle dont les yeux sont des prismes de sommeil et dont les paupières sont lourdes de rêves, celle dont les pieds sont enfoncés dans la mer et dont les mains gluantes en sortent pleines de coraux et de blocs de sel étincelants. Elle les mettra en...

Toutes les saisons sont abolies dans ces zones inexplorées, qui occupent la moitié du monde et la parent de floraisons inconnues et de nul climat. Poussée de sang végétal provisoire dans un enchevêtrement de lianes ténébreuses où est captif tout élan...

Pour les pauvres dévorés de punaises aussi grosses que le ciel, pour les exilés qui errent, venant de la cité du jour, et pour les rebelles et pour les déserteurs de l’armée ombreuse montant de la terre, que veulent faire ces élans de palmiers sans nombre...

Combien de jumeaux sont-ils, les vents ? Ils sont tous espiègles, ils se poursuivent en sortant de l’herbe, escaladent les murs devenus doubles, sautent par-dessus les toits où se recueillera la rosée, se voûtent sur les collines et y secouent de hauts...

Te voilà, debout et nu ! Limon tu es et t’en souviens ; mais tu es en vérité l’enfant de cette ombre parturiante qui se repaît de lactogène lunaire, puis tu prends lentement la forme d’un fût sur ce mur bas que franchissent les songes des fleurs et le...

Les ruches secrètes sont alignées près des lianes du ciel, parmi des nids lumineux. Butinez-y, abeilles de mes pensées, petites abeilles ailées de son dans la nue enceinte de silence ; chargez-vous de propolis parfumée d’astres et de vent : nous en calfeutrerons...

La dévote a fini ses versets quotidiens et vient écouter ses enfants qui apprennent à haute voix leurs leçons bibliques sur la vérandah. On dirait une cascade lointaine sautant quelque rocher moussu, là-bas, derrière les collines, ou des chrétiens surpris...

Reflux de la lumière océane. Des poulpes, dans leur fuite, noircissent le sable avec leur bave épaisse ; mais d’innombrables petits poissons qui ressemblent à des coquillages d’argent, ne pouvant échapper, s’y débattent : ils sont pris dans les rets tendus...

Un oiseau sans couleur et sans nom a replié les ailes et blessé le seul oeil du ciel. Il se pose sur un arbre sans tronc, tout en feuilles que nul vent ne fait frémir et dont on ne cueille pas les fruits, les yeux ouverts. Que couve-t-il ? Quand il reprendra...

Tu dors, ma bien-aimée ; tu dors dans ses bras, ô ma dernière née. Je ne vois pas vos yeux lourds de nuit qui d’ordinaire s’irisent comme des perles authentiques ou des raisins mûrs. Une bouffée de bon vent entr’ouvre notre porte, fait gonfler vos robes...